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Forum pour la lutte contre l'impunité et l'injustice en Mauritanie.

8 juillet 2012

Témoignage d'un ancien prisonnier politique de l’Ecole de police, des geôles de Nouakchott, de Waalata et d'Ayoun el At

 

 

Ibrahima Abou SALL

 

Montpellier, le 25 juin 1994

 

Conférence nationale de la Section française

d’Amnesty International. Montpellier

 

Témoignage

d'un

ancien prisonnier politique

de

l’Ecole de police, des geôles de Nouakchott, de Waalata

et

d'Ayoun el Atrouss en Mauritanie.

 

(4 Septembre 1986- 14 septembre 1990)

 

 

 

 

 

 

Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs les congressistes, je voudrais tout d'abord remercier la Section française d'Amnesty International de m'avoir permis de prendre la parole pour apporter mon témoignage sur les conditions de détention que j'ai vécues avec des amis pour le seul motif d'avoir revendiqué un droit qui, si dans votre pays est devenu évident, naturel, reste encore à conquérir en Mauritanie : C'est le droit à l'identité. La Mauritanie est un pays multiculturel et biracial. C'est là une richesse humaine que les gouvernants de ce pays n'ont jamais su exploiter. Si cette réalité est officiellement reconnue, la pratique en est tout autre. L'Etat contrôlé par une ethnie arabo-berbère a établi un système de privilèges et de hiérarchies entre les nations des Bamana, des Fulbe, des Sooninko et des Wolof d’une part, et des Arabo-Berbères de l’autre. C'est ce que nous appelons le Système Bîdhân.

Je ne cesserai jamais de remercier le groupe 48 de Sète qui m'avait adopté pendant ma période de détention, et qui continue de manifester à l'égard de ma famille et à moi-même toute sa sympathie. Je ne sais pas s'il est de coutume de le faire durant vos assises, mais mon épouse, nos enfants et moi-même voudrions profiter de cette occasion pour saluer la mémoire de feu René BATY membre du groupe, décédé au mois d'août 1992. Je n'oublierai jamais sa joie de vivre et son optimisme spontanés qu'il s'évertuait à me communiquer.

Je m'appelle Ibrahima Abou SALL. Je vis en exil en France depuis le 14 décembre 1990, après avoir purgé une peine d'emprisonnement de 4 ans (14 septembre 1986 – 14 septembre 1990). J'enseignais l'Histoire à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines à l’Université de Nouakchott.

Le 4 septembre 1986 a débuté une série d'arrestations d'intellectuels et de cadres Noirs non arabes qui avaient publié en juin de la même année un document intitulé «Le Manifeste du Négro mauritanien opprimé. De la guerre civile à la lutte de libération nationale». Un document dans lequel ils dénonçaient la politique de la discrimination raciale et culturelle en faveur de l’arabisation, la politique d'exclusion ethnique dont leur Communauté noire (Bamana, Fulbe, Sooninko et Wolof) fait l'objet depuis l'indépendance de la Mauritanie en 1960.

Ce jour-là, deux policiers vinrent me chercher à la maison, à l'heure du déjeuner " (…) pour me poser quelques questions" m'avaient-ils dit. J'étais loin de deviner que je quittais ma famille pour ne plus la retrouver que quatre longues et pénibles années plus tard, dans un pays d'exil. A l'école de police où je fus conduit, j’ai trouvé d'autres personnes qui m'avaient précédé et qui allaient connaître le même sort douloureux que moi. Je fus isolé dans une cellule nue, humide jusqu'au 6, sans qu'on m'ait dit les raisons de cette arrestation. Devant chaque cellule était posté un policier h’râtîn armé d'un pistolet mitrailleur. Pendant trois nuits, on nous interdit de dormir. Il fallait marcher, marcher, marcher, encore marcher malgré l'épuisement. Un coup de sifflet me rappelait à l'ordre à chaque fois que je m'arrêtais ou que je m'adossais au mur pour me reposer. Celui qui faiblissait était réveillé par un seau d'eau glacé et des obscénités. C'était le conditionnement avant les interrogatoires.

Dans la nuit du 6 au 7, je fus conduit, menottes aux mains, pieds nus, dans la cour centrale de l'école, devant le commissaire de police Deddahi Wul Abdallahi, le Directeur général de la Sûreté. Derrière lui, un policier au garde-à-vous, tenait un drapeau de la Mauritanie.

Je fus présenté devant cette personne, harassé par la fatigue et par un manque de sommeil. Je ne tenais plus debout.

Je fus brutalement réveillé par un violent coup de matraque dans le dos : « Vous devez vous tenir droit, respectueusement devant le drapeau du pays qui vous a accueilli si généreusement, la Mauritanie » me dit Deddahi. Ce fut la première torture que j'ai subie dans ma vie. Hélas, j'allais en connaître d'autres pendant mes quatre années de détention. Pendant les 7 jours d'interrogatoires (du 6 au 10 septembre) mes camarades et moi subîmes toutes sortes de tortures physiques et morales : "jaguar", plongée dans une fosse sceptique, martèlement des testicules, bastonnades, simulacres d'exécution à la plage.

Pour le commissaire Deddahi et ses hommes, il fallait que j'avoue que je faisais partie des auteurs du «Manifeste du Négro mauritanien opprimé…» et que nous préparions un coup d'Etat en vue d'instaurer en Mauritanie un régime de Noirs, aidés en cela par l'Etat d'Israël. Et il disait : « (…) comme les sales juifs en Europe, nous lessiverons la Mauritanie des sales Nègres (…)»1. Une phrase que nous entendrons souvent durant toute notre période de détention.

Pour faire avouer Saydou KANE, le commissaire de police du Ksar, Wul KERANI fit venir l'épouse de celui-ci, Aysata KANE et menaça de la faire violer par ses agents. Elle était en état de grossesse, et à terme. Elle accoucha d'ailleurs une semaine après. Elle eut la chance de ne pas subir le sort des deux soeurs Fatimata MBAYE et Pini SAWO qui furent, elles, violées par le même commissaire Wul KERANI et ses agents pendant leurs interrogatoires au commissariat du Ksar.

Le procès du 14 septembre fut le premier d'une série qui se déroula dans les principales villes du pays. A ce premier, nous étions au nombre de 23. Ce fut une véritable parodie de justice, depuis l'instruction jusqu'à la condamnation.

N'ayant pas été autorisés à consulter les dossiers de leurs clients, le collectif des avocats préféra boycotter le procès. Nous décidâmes, nous aussi, de ne pas répondre aux questions d'un président qui ne cachait guère ses préjugés racistes et ses opinions partisanes. Durant le procès, le procureur de la République islamique de Mauritanie nous assimila à des juifs. Le président du tribunal prononça alors la sentence en se référant au verset 2 du chapitre 59 (l’émigration) par lequel le prophète de l’islam Mohamed Ibn ABDALLAH avait fait chasser de leurs demeures les Juifs, à partir de ceux de Nadhir (bourg qui était situé à peu de distance de Médine) et de sa nouvelle terre d’islam1. De manière symbolique, nous aussi avons été expulsés par l’Etat bîdhân des terres de nos ancêtres dont fait partie aujourd’hui le territoire de la Mauritanie assimilée à cette terre d’islam2. Nous sommes de sales Nègres, de sales Juifs. Il est de notoriété publique que pour un Arabe, musulman ou chrétien, tuer un Juif équivaut à tuer un non humain. Ce discours était déjà développé dès les années 60 et 70 par les chauvins bîdhân aidés à l’époque par des groupes de réfugiés politiques palestiniens de l’O.L.P. qui avaient été accueillis avec leurs familles à Nouakchott entre 1968 et 1969, après La Guerre des Six jours, par le régime chauvin et raciste de Moktar Wul DADDAH, celui-là même qui initia et qui mit en place le Système Bîdhân. Puisque aux yeux des Bîdhân tout Noir est juif (sauf leurs «Arabes noirs» ou H’râtîn), alors entre septembre 1986 et mars 1991, le régime de Wul TAYA avait organisé son programme de massacres, de tortures, de déportations de leurs patries des milliers de Bamana, de Sooninko, de Fulbe, de Wolof. Cette assimilation identitaire Noir-Juif n’est pas gratuite. Elle préparait au sein de la nationalité arabo-berbère une légitimation religieuse et culturelle des campagnes des massacres des années 80 et 90.

Dans la logique de cet environnement politique, nous fûmes donc condamnés : 5 ans de prison ferme avec amende, déchéance des droits civiques et politiques et interdiction de séjour dans toutes les régions administratives, sauf dans le sud, et ceci pendant 10 ans. Les soeurs SAWO et MBAYE furent condamnées à 6 mois de prison ferme. La plainte formulée par leur famille contre le commissaire Wul KERANI n'a jamais abouti. Dans le système institutionnel et politique non écrit qui prévaut en Mauritanie, être Noir, non Arabe et femme est devenu un lourd handicap.

A la prison civile de Nouakchott, nous fûmes soumis à un régime de réclusion totale pendant 13 mois. Un jour de décembre 1987, un adolescent Hrâtîn23 (esclave affranchi), âgé de 15 ans, prénommé MBarek, fut sauvagement torturé par le brigadier Sidi Wul Ahmed et jeté dans une fosse sceptique pour avoir seulement glissé en notre faveur une bougie dans notre cellule de détention. Nous partagions nos repas avec ces adolescents h’râtîn avec lesquels nous avions construit de bonnes relations sociales.

Pendant que nous purgions nos peines, nos familles vivaient elles aussi leur calvaire. Les familles de Fara BAH, Oumar Moussa BAH, Djibril Hammet LIH et Saydou KANE furent délogées nuitamment et jetées dans la rue. Des épouses furent démises de leurs fonctions de responsabilité qu'elles occupaient dans des services administratifs de l'Etat.

A partir de la fin de 1987, notre vie carcérale prit une tournure encore plus pénible avec l'inauguration de la nouvelle politique d'épuration ethnique au sein de l'armée et dans l'administration publique.

Elle fut déclenchée à partir des arrestations de militaires Noirs accusés d'avoir organisé un complot contre la sûreté de l'Etat. Trois peines capitales furent prononcées le 3 décembre 1987 contre les lieutenants Seydi BAH, Amadou SARR et Saydou SIH. La sentence fut exécutée le 6. Trente sept officiers, sous-officiers et hommes de troupes furent condamnés à des peines allant de 5 ans à la perpétuité. Plus de mille militaires, gendarmes et gardes nationaux furent renvoyés de leurs corps respectifs et assignés à résidence dans leurs villages d'origine.

Accusés d'être la conscience politique et les instigateurs de cette prétendue tentative de putsch, nous fûmes transférés trois jours après les exécutions des trois militaires et incarcérés avec les nouveaux condamnés, dans un ancien fort colonial situé en plein désert, dans l'Est de la Mauritanie, à mille cent kilomètres de Nouakchott : Waalata. Cette localité reste et restera dans la conscience collective de tous les Mauritaniens épris de justice et de tolérance comme une marque indélébile : Waalata fut un mouroir et un centre d'expérimentation de tortures collectives contre la classe politique négro-africaine de Mauritanie.

Notre transfert s'effectua dans des conditions épouvantables, inhumaines et dégradantes. Nous fûmes parqués dans un camion remorque à bétail bâché. Nous restâmes enchaînés les uns aux autres dans le camion pendant tout le trajet. Nous faisions nos besoins naturels dans le camion. Nous n'avions plus le droit de porter des prénoms dits musulmans. Nous étions seulement des Nègres, des bêtes. C'est la raison pour laquelle les gardes nous appelaient "Hayawân". Ce qui signifie bétail en arabe. Sur les 1100 km qui séparent Nouakchott de Waalata, nous fîmes seulement deux arrêts, de nuit, pour la distribution de pain sec et d'un 1/4 de litre d'eau à chacun.

A Waalata, les 68 prisonniers politiques civils et militaires et les droits communs négro-africains étaient enfermés dans une salle de 15 m sur 2. Chacun avait une chaîne entrave aux pieds34, contrairement aux Bîdhân tous détenus de droit commun qui circulaient librement (si on peut utiliser ce mot dans ces lieux) dans leurs cellules et dans la cour du fort. Un Apartheid qui ne disait pas son nom. On comprendrait mieux si on regroupait les droits communs sans distinction de race et de culture.

L'hygiène faisait gravement défaut. Chaque prisonnier de la salle avait droit à un verre d'eau par repas. Nous sommes restés de décembre 1987 à mars 1988 sans nous laver, alors que nous apportions de l'eau dans des fûts de 70 litres pour les gardes. La gale, le scorbut, le béribéri devinrent des maladies endémiques. Les tortures, les travaux forcés (construction de la route qui reliait le fort aux puits, puisage à près d'un kilomètre du fort sis sur un plateau aux pentes abruptes qu'il fallait escalader) devinrent des lots quotidiens pour nous. Nous faisions ces travaux avec les entraves aux pieds, des entraves qui ne nous quittèrent jamais durant les huit mois et dix jours d'incarcération que nous passâmes à Waalata. Seuls les Noirs (y compris les H’râtîn) travaillaient.

Les droits communs Bîdhân (Les Blancs) 45 étaient exemptés de tout travail forcé. Ils ne travaillaient jamais. Dans l’inconscient culturel des Bîdhân, il est impensable de faire un travail physique, manuel alors qu’il y a des Nègres : « (…) c’est un travail servile qu’Allah a réservé aux Kwar » dixit le magasinier Wul KEREYBÂNI. C'était encore là une illustration de la pratique de l'Apartheid.

Pendant la saison des pluies, on nous obligeait à boire de l'eau des mares pourtant non potable à cause du ver de Guinée. La conséquence fut qu'en juillet 1989, 12 prisonniers, dont moi-même, furent atteints de cette maladie incapacitante dont les conséquences nous accompagnèrent jusqu’à la prison d’Ayoun el Atrouss.

Les moments redoutés par tous dans cette prison étaient les séances de torture. Elles étaient organisées surtout nuitamment. Il est pénible d'entendre les souffrances de quelqu'un qu'on torture. C'est encore plus insupportable quand vous savez que vous passerez juste après celui qui est en train de hurler des douleurs horribles. C'était effrayant. Nu, les mains ligotées derrière le dos, le supplicié était installé au milieu d'une horde de gardes Hrâtîn, des bourreaux dépossédés en l’instant de toute humanité et de tout humanisme. Ils ressemblaient à une meute de chiens conditionnés entourant leurs proies. Des moments que j’ai vécus les 22 et 23 mars 1988 avec vingt et un autres parmi mes compagnons de prison (vingt prisonniers politiques et deux droits communs) : les lieutenants Abdul Karim DIACKO, Moussa Gomel BARO, Harouna KANE, le sergent chef Djibi Doua KAMARA, les sergents Moussa Mamadou BAH et Amadou Sadio SOH, l’adjudant Hamady Rassine SIH, les civils Ibrahima Khassoum BAH, Paate BAH, Fara BAH, Aboubakri DIALLO, Abdoul Aziz KANE, Saydou KANE, Amadou Moktar SOH, Youba SAMBOU, Mamadou Oumar SIH, Mamadou Youssouf SIH, Abdoulaye SARR, Amadou Tidiane JAH et les deux droits communs Moussa THIOYE et Alassane SIH. Lors de la première série de tortures (22 et 23 mars), nous fûmes torturés comme des bêtes par l’adjudant Mohamed Wul BOWBÂLI dit « Hoore puccu » (Tête de cheval) secondé par le garde Makha…. (un Hartâni de Kiffa), le brigadier Mohamed Wul BADAOUI dit « Saa reedu », le brigadier comptable Moustapha Wul … dit Teeleende (Le Chauve), le brigadier Mohamed Wul VET’H56, le brigadier Brahim Wul …, l’infirmier Cheikh…6 le magasinier Wul KEREYBÂNI7 7et toute une meute de gardes hrâtîn. En raison du nombre 22 et de la date du 22 mars, le brigadier Brahim Wul …8 avait donné à ce groupe le nom de «Comité des 22». La troisième séance (la nuit du 24 au 25 mars) contre les lieutenants Abdul Karim DIACKO, Moussa Gomel BARO et le droit commun Moussa THIOYE fut menée par le lieutenant Dahi Wul MOHAMED9 basé à Nema et qui avait rejoint Waalata dans la nuit du 23 au 24 mars.

Depuis le jour de mon arrestation jusqu'à notre libération, nous avions constaté que le régime avait écarté sur notre chemin de la croix tous les membres des corps militaires et paramilitaires qui n’étaient pas Arabo-berbères (Bîdhân et H’râtîn). Des officiers Bîdhân et H’râtîn donnaient les ordres, des Bîdhân et comme des H’râtîn, particulièrement ces derniers, sélectionnés spécialement pour leur cruauté et leur haine particulièrement contre les Fulbe qualifiés de « sales juifs » exécutaient les basses besognes. Les instruments de tortures comprenaient de grosses cordes en sisal tressées et mouillées, des gourdins, des fils électriques, de grosses pierres de plus de cinquante kilogrammes qu'on posait sur la poitrine, du sable avec lequel on remplissait la bouche du supplicié pour l'empêcher de crier. Une forme de torture : Le ballon. Il consistait à frapper la tête du supplicié avec des chaussures Rangers comme si on jouait au football, jusqu'à son évanouissement.

Autre torture angoissante, le simulacre d'exécution. Surtout lorsque le lieutenant Ghaly Wul SOUVY, en manque de drogue, était surexcité. Il s’amusait alors à poser sur la tempe du supplicié son pistolet qu’il venait de charger devant celui-ci. J'ai vécu personnellement cette expérience le lundi 4 janvier 1988 pour avoir protesté contre l'utilisation des entraves aux pieds (des chaînes) qui faisaient saigner nos chevilles108. On me conduisit dans une pièce, juste à l’entrée du fort avec le capitaine Abdoulaye Hachim KEBE qui était enchaîné avec moi. Après quelques remarques désobligeantes à l’endroit de celui-ci, il ordonna qu’on le détachât pour le renvoyer auprès des autres qui avaient été réinstallés dans la grande pièce de détention. C’est ma personne qui l’intéressait après que j’eusse protesté contre les traitements dont nous faisions l’objet, comme si nous n’étions pas des êtres humains. Après qu’il eût renvoyé dans la salle de détention le capitaine KEBE, le brigadier Brahim wul …. et le garde Makha wul …. , mes deux bourreaux Hrâtîn, se mirent à « s’occuper de moi ». Ils me lièrent les mains derrières le dos, avec les jambes repliées sur mon postérieur. Torse nue, je fus allongé à plat ventre. Ghali posa son pied droit chaussé d’une botte lourde sur ma tête en appuyant fort. Mon nez, plaqué au sol était bouché par du sable qu’aspiraient mes narines. Je lui entendis prononcer alors cette phrase en réponse aux protestations : « (…) C’est normal que vous soyez enchaînés parce que vous êtes des Nègres, et le droit des Nègres c’est d’être enchaînés parce qu’ils sont des esclaves (…) ». Makha Wul …. enchaîna immédiatement : « Oui, tu es Vulaani. Il paraît que vous ne nous aimez pas, nous les H’râtîn. Tu vas le payer aujourd’hui, sale Vullaani ». Ses propos furent suivis par les premiers coups de cordes. Plus je criais, plus il s’acharnait sur mon corps. J’entendis Ghali lui dire : « Frappes à la nuque. Frappes à la nuque. Gassaramark Kowri ». J’avais tellement crié que je n’entendais plus ma voix qui était cassée. J’avais si mal que je ne ressentais plus mon corps endolori, et surtout ma nuque. Ils me jetèrent dehors dans la cour, en continuant à me frapper. Je continuais à crier. Des cris qui attirèrent l’attention de mes compagnons de prison. Certains étaient debout devant la fenêtre en train de regarder la scène9. D’autres qui revenaient de la corvée passèrent devant moi, choqués par le spectacle dont je faisais l’objet. Pour dissuader d’autres intentions contestataires, je fus exposé donc torse nue, à genoux pendant près de 12 heures dans la cour. Je tremblais à cause de la douleur piquante qui s’était installée dans mon corps. Cette souffrance était aggravée par le vent froid et sec du mois janvier11. De temps en temps, pour me faire souffrir encore, on versait sur moi un saut d’eau froide qui me réveillait de ma torpeur. Les tortures avaient commencé vers 11h. Je fus exposé ainsi jusqu’au crépuscule. C’est grâce aux interventions du lieutenant Djibril YONGANE accompagné des deux autres lieutenants feu Abdoul Qhouddous BAH (mon cousin) et Abdarahmane DIA qui étaient des camarades de promotions de Ghali Wul SOUVY à l’Ecole inter armes d’Atar que je fus détaché et renvoyé dans la salle d’incarcération, auprès de mes camarades. Mon dos était lacérée et ma nuque enflée. L’infirmier Cheikh wul…. refusa de me soigner sous prétexte qu’il obéissait aux consignes du lieutenant Ghali Wul SOUVY. C’est grâce à des médicaments que Youba SAMBOU avait apportés avec lui en cachette que je réussis à bénéficier des premiers soins. Pendant trente cinq jours, je ne pouvais coucher sur le dos. Je dormais à plat ventre.

Ultime humiliation. Lorsque nos tortionnaires se mettaient à imiter devant nous nos pleurs et nos supplications.

Même enchaînés aux pieds et menottés aux poignets, les gardes redoutaient encore nos militaires, car ils avaient vu la plupart d’entre eux à l’œuvre pendant la guerre du Sahara occidental. Certains des officiers et sous-officiers les avaient même commandés, d’où les relations ambiguës que les gardes continuèrent à entretenir avec leurs anciens chefs hier redoutés, à Waalata leurs prisonniers.

L’attitude des gardes bîdhân était quasi unanime : de la haine, du mépris, mais surtout une agressivité qui trahissaient aussi la peur collective chez les Bîdhân. Une peur créée et entretenue par le Système Bîdhân pour légitimer sa répression raciste contre tout ce qui n’était pas arabo-berbère. Avec eux, nous savions comment il fallait se comporter.

Un seul fera exception : le lieutenant Mohamed Lemine Wul …, de la tribu des Tenwâjib. C’est seulement à Waalata que j’ai eu personnellement l’occasion de trouver pour la première fois depuis les arrestations de septembre 1986 ce cas exceptionnel de sympathie à notre égard. Il commanda le fort pendant une courte période (27 avril - 27 juillet 1988). La raison de la brièveté de son séjour trouve, à l’évidence, son explication dans le témoignage de sa sympathie qu’il exprima à notre égard dès les premiers contacts, dans notre salle d’enfermement. Une sympathie (dans le sens grec du terme) qui était mal tolérée par ses subalternes dont son premier adjoint, Mohamed Wul BOWBÂLI qui refusait ouvertement de lui obéir à chaque fois qu’il donnait des ordres pour une amélioration de nos conditions de détention. La plupart d’entre nous comprirent que ce qu’il avait vu dans la salle de séjour des prisonniers politiques le jour de son arrivée l’avait choqué. Il avait prononcé cette phrase dans la cour, devant des camarades témoins : « Comment peut-on faire ça à un être humain ? Comment peut-on faire ça à des Musulmans, des Mauritaniens !». Il fit tout pour améliorer nos conditions de détention (amélioration alimentaire, ouverture des fenêtres qui étaient condamnées et qui le seront de nouveau après son affection pour sanction parce son comportement humanitaire avait été signalé par ses subalternes à la Direction de la Garde nationale à Nouakchott). Le premier jour, dès qu’il sortit de la salle de détention, il envoya à la ville de Waalata un des gardes acheter, avec son propre argent, du sucre, des arachides et du lait en poudre pour ceux qui étaient le plus marqués par la malnutrition. Evidement c’était peu pour satisfaire tout le monde, mais le geste de solidarité lui vaut une reconnaissance sincère.

Le lieutenant Mohamed Lemine Wul….n’avait pas l’avantage politique d’autres officiers subalternes Bîdhân qui disposaient eux d’une base sociale ou politique sur laquelle ils pouvaient s’appuyer pour s’imposer. Comment peut-on concevoir que dans une armée un adjudant-chef refuse d’obéir à des ordres donnés par son supérieur ? La raison était politique. A Nouakchott, celui-ci avait un solide soutien politique et militaire en la personne de son cousin le colonel Mohamed Mahmoud Wul DEH qui ne fait jamais mystère de son chauvinisme arabe et de son racisme contre tout Africain non Arabe. Lorsqu’il était ministre de la Santé et des Affaires sociales en 1983, ce dernier, avec les conseils de l’idéologue du panarabisme le médecin Hassan Wul…alias Petit Hassan, appliqua les théories de la bidanisation de la Santé publique : former un personnel de santé pour ne soigner que des Bîdhân. Ce même Dr Hassan est aujourd’hui fonctionnaire de l’Organisation mondiale de la santé (O.m.s.) pour l’Afrique subsaharienne. Je comprends difficilement la politique de recrutement des Nations unies en faveur d’idéologues racistes Arabo-berbères anti Nègres comme le Dr Hassan. C’est le comble. Des individus qui ont le plus grand mépris pour les Africains non Arabes et dont le racisme anti Noir n’a d’égal que celui affiché par les théoriciens de l’ancien Apartheid en Afrique du Sud

Le lieutenant Mohamed Lemine Wul ….avait fini par faire appliquer ses consignes aux gardes en nous laissant sortir le jour, «librement » dans la cour de la prison, toujours avec les chaînes de Brahim Wul Alioune NDIAYE aux pieds. Ce jour du mois d’août, entre 12 heures et 13 heures, sous une chaleur sèche et lourde la plupart des malades étaient sortis dans la cour pour prendre un peu d’air, à l’ombre des murs. A cette heure-ci, on ne trouvait plus d’ombre où se réfugier, mais le Maréchal de logis Mamadou Sadio NGAYDE, Hamadi Racine SIH, Samba Yero WONE et Teen Youssouf GUEYE1210 préférèrent rester encore dehors. J’étais là aussi. En prison, depuis Nouakchott, j’avais pris l’habitude d’observer, d’écouter tout pour noter ensuite discrètement dans mon carnet de fortune que j’avais confectionné avec des papiers de boîtes de gloria que je ramassais discrètement, à chaque fois que je sortais pour faire mes corvées d’eau. Depuis le 10 juillet 1988, ayant remarqué que Teen Youssouf GUEYE ne mangeait presque plus, j’ai commencé à mentionner son nom dans la colonne intitulée : «phase négative», celle dans laquelle je notais au quotidien l’évolution de la situation des malades.

Le Lieutenant Mohamed Lemine Wul …proposa à Teen de regagner la salle de détention à cause de la forte chaleur qui sévissait dehors. Il me désigna pour l’aider. Teen était si faible qu’il tenait à peine debout. Je l’ai aidé à se lever. Lorsque j’ai constaté qu’il ne tenait pas debout, je l’ai tenu par le bras et l’ai conduit à petits pas vers sa place qui était toujours devant la porte de sortie de la salle. Amaigri, il ne portait plus que son pyjama et sa montre. C’était là les seuls biens qui lui restaient. Comme la plupart d’entre nous, Il avait échangé avec les gardes sangsues tous ses vêtements contre du tabac, des arachides, du sucre et du lait en poudre. Il me dit discrètement : «Oo lietena ko njurmdeero, kono hay batte alaa koo waawi wadde» (Ce lieutenant est très humaniste, mais il est impuissant»). Je n’ai pas voulu relever sa remarque. En prison, depuis Nouakchott, j’avais fini par prendre la décision de ne discuter sur certaines questions très sensibles qu’avec de très proches. Des personnes de confiance. J’ai introduit alors une question qui touchait à sa santé «Teen, a fotii jabde nyaamnde. Nyaam kala ko ndokkeden. A sellaani. A fooyi» (Teen, vous devez accepter de manger. Mangez tout ce qu’ils nous servent. Vous êtes malade. Vous avez beaucoup maigri». Je lui faisais cette remarque pendant que nous marchions à son rythme très lent, vers la salle. Il me jeta un regard furtif qui trahissait sa surprise. Il marchait pensif, sans dire un mot. Lorsque nous atteignîmes sa place, je l’ai aidé à s’allonger. Il me dit «A jaaraama» (Merci). Sans aucun mot en réponse, je retournais dans la cour.

Le lieutenant Mohamed Lemine Wul… fut convoqué d’urgence à Nouakchott durant le courant de la première semaine du mois d’août 1988 pour s’entendre reprocher par le colonel Brahim Wul Alioune NDIAYE son « (…) attitude condescendante (…)» à notre égard, et pour être rappelé à l’ordre du Système qui avait pour objectif politique de détruire l’opposition africaine à la politique ethno raciste d’arabisation de la Mauritanie. En réponse à ces reproches, le lieutenant lui parla plutôt des problèmes humanitaires qui se posaient à Waalata en lui décrivant les conditions alimentaires et de santé lamentables dans lesquelles nous vivions. Il lui avertit qu’il y aurait inévitablement des décès si on ne prenait pas des mesures d’urgence pour nous sauver. IL faut rappeler que comme Wul TAYA, comme le ministre de l’Intérieur Gabriel CIMPER, le colonel Brahim Ould Alioune NDIAYE était informé régulièrement par les rapports des missions militaires et civiles qui venaient régulièrement de Néma (le chef lieu de région) et de Nouakchott (la capitale de la Mauritanie) pour visiter la prison à Waalata1311. Il répondit que nous avions été envoyés dans ce fort pour cela. Le lieutenant insista sur son propos. L’insistance du lieutenant à nous porter secours amenant le colonel à lui faire la remarque suivante : « (…) le rapport envoyé par l’adjudant Mohamed Wul BOWBÂLI est donc exact. Vous avez semé la zizanie en encourageant les Kwar (Nègres) à se révolter ». Un hasard malheureux. Quelques minutes après l’entretien, le colonel Brahim Wul Alioune NDIAYE rappela le lieutenant Mohamed Lemine Wul…. pour lui annoncer la nouvelle qu’il venait de recevoir : le décès de l’ex-maréchal des logis Alasan Umar BAH, décès survenu le jeudi 26 août 1988 à Waalata. Malgré ses convictions politiques affichées, il aurait eu l’air embêté, le colonel. Pour ne pas faire apparaître une telle faiblesse, Il dit au lieutenant Mohamed Lemine Wul… qu’il pouvait disposer.

Nos relations avec les ‘râtîn étaient plutôt complexes et irrationnelles, car avec eux, celles-ci allaient d’un extrême à l’autre. Ils étaient très versatiles. Un garde hrâtîn pouvait glisser à un prisonnier politique, nuitamment, quelques morceaux de sucre, du tabac, quelques grains d’arachides1412, et le torturer quelques jours après sans que cela ne semble perturber sa conscience. Cependant, quelques rares comprenaient l’enjeu politique et pensaient à l’avenir. J’avais remarqué deux parmi eux qui se débrouillaient toujours pour ne jamais être de la partie des séances de tortures. J’ai eu l’occasion de rencontrer l’un d’eux à ma libération, à Boggee. En tout cas l’expérience avait fini par nous enseigner qu’il fallait se méfier d’eux.

Les conditions alimentaires défectueuses, les tortures, les travaux forcés, les mauvaises conditions d'hygiène (dysenterie, scorbut, gale, béribéri), les tortures psychologiques sont les facteurs conjugués qui ont favorisé, en l'espace de 32 jours (26 août-28 septembre 1988), les décès de Alassane Oumar BAH, de l'écrivain Teen Youssouf GUEYE (qui faisait partie de la délégation de la Mauritanie à l'O.n.u.. en 1963), du lieutenant de génie Abdul Qhouddous BAH et de l’ingénieur agronome Tafsirou DJIGGO (ancien Ministre de la Santé).

Les lieutenants Dahi Wul MOHAMED et Ghaly Wul SOUVY13, l'adjudant Wul BOWBALI tous de la Garde nationale répétaient souvent que nous n'avions droit à rien sauf aux tortures et à la mort. Les autorités gouvernementales étaient régulièrement informées de ce qui se passait. Entre le 16 janvier 1987 et le 31 octobre 1988, vingt trois missions d’inspection ont été effectuées à Waalata. Une, celle du 5 octobre 1988, était conduite par le Ministre de l’Intérieur, des Postes et Télécommunications de l’époque en personne, le néo-nazi et raciste anti-Noirs, le colonel Gabriel CIMPER alias Djibril Wul ABDALLAH. Trois d’entre elles par le gouverneur de la région de Nema. Toutes les autres étaient commandées par des commandants de la région militaire de Nema. Parmi les 23 missions, 7 avaient chacune parmi leurs membres un médecin. Aucun d’eux n’avait respecté le sermon d’Hippocrate. Ils se sont tous comportés en agents d’un Système venus constater l’évolution de la campagne de liquidation physique de ses ennemis. Lors de la visite du 8 septembre 1988, le médecin de Néma, toujours un Bîdhân affirma que nous « (…) étions bien traités  (…)» !!!

Le vendredi 13 septembre 1988 vers 19h, donc cinq jours après, le lieutenant du génie militaire Abdoul Qhouddous BAH décéda14. Quinze jours après, le samedi 28 du même mois à 9h 44 mn Tafsirou DJIGGO nous quitta. Ce jour, nous comptions à Waalata 42 cas de béribéri, 15 de dysenterie amibienne, sans parler de la desquamation, des troubles de vue et des troubles psychiques.

Il fallut la pression de l'opinion internationale pour arrêter ce début d'hécatombe. C'est le lieu de remercier ici, au nom de tous ceux qui étaient à Waalata, les organisations non gouvernementales qui ont fait un important travail de sensibilisation et de mobilisation pour sauver ceux qui étaient encore en vie. Nous pensons particulièrement à Amnesty International, à la Fédération Internationale des Droits de l'Homme (F.I.D.H.), à Africa Watch, à l'Association en faveur des victimes de la répression en exil (A.V.R.E.) et à toutes les initiatives individuelles à travers le monde.

C'est grâce à toutes ces pressions que le régime du colonel Wul TAYA accepta de nous transférer à Ayoun el Atrouss. Les civils d'abord du 31 octobre au 1er novembre 1988 ; puis les militaires le 15 février 1989. Nos conditions de vie furent, certes, améliorées. Les travaux forcés furent supprimés et les entraves enlevées. A partir de mars 1989, nous obtînmes, pour la première fois depuis notre incarcération en septembre 1986, le droit de visite de nos épouses.

Malgré ces visites, les tortures n'avaient pas cessé. Elles étaient devenues seulement plus rares. Durant le mois de Ramadan, mois considéré dans l’islam comme celui de la paix, de la tolérance et du pardon entre musulmans on torturait des Musulmans dans cette prison de cette République islamique de Mauritanie parce qu’ils Noirs et parce qu’ils refusent d’être soumis aux Arabes. Dans la nuit du 4 au 5 mai 1989, à partir de 0h 30mn nous fûmes terriblement secoués par les hurlements horribles du Maréchal de logis Mammadu Saajo NGAYDE qu’on torturait en dehors de l’enceinte du fort qui nous servait de prison. L’atmosphère traumatisant de Waalata nous rattrapait alors que nous étions tous persuadés, avec beaucoup de naïveté, que nous l’avions laissé dans ce mouroir le jour de notre départ vers à Ayoun. L’angoisse envahissait de nouveau nos esprits et nos corps. Une atmosphère indescriptible. Certains faillirent y perdre la raison.

Le 3 juillet 1989, une délégation du C.I.C.R. composée de deux membres (une femme et un homme) nous rendit visite. Elle demanda à me rencontrer pour m’annoncer la déportation de ma famille. Au cours de cet entretien j’ai insisté pour qu’elle visite le magasin où étaient enfermées les caisses de chaînes et de menottes qui nous accompagnaient partout dans nos lieux de détention. Ce qu'elle fit malgré les réticences de la direction de la prison. Avant de partir, elle revint me voir pour me confirmer qu’elle avait bien vu ce que je leur demandé de voir.

Pendant que j'étais en prison, mon épouse Habsa BANOR inspectrice des douanes de son Etat, a été déportée donc vers le Sénégal le 29 mai 1989, parce que seulement elle est née dans ce pays15. Nos enfants, âgés respectivement de 12, 10 et 7 ans, furent abandonnés à eux-mêmes. Ils furent rendus le 29 juillet 1989 à leur mère, grâce à des démarches menées auprès du C.I.C.R. par une de mes belles-sœurs, Mme SALL née Tokosel SIH. Ceci après plusieurs négociations menées par cet organisme auprès du ministre de l’Intérieur, des Postes et Télécommunications de l’époque en personne, toujours le néo-nazi et raciste anti-Noirs, le colonel Gabriel CIMPER alias Djibril Wul ABDALLAH qui s’était opposé au départ à ce qu’ils soient envoyés auprès de leur mère.

Si j'ai eu la chance de retrouver ma famille reconstituée en exil en France, quatre ans trois mois et dix jours après mon arrestation (4 septembre 1986-14 décembre 1990), ce n'est pas le cas de centaines d'autres. Toute cette situation est à l'actif d'une politique qui cherche à détruire la cohésion ethnique des Bamana, des Fulbe, des Sooninko et des Wolof à partir de la cellule familiale qui constitue le fondement de toute société humaine. Au moment où je vous parle, près de 90 000 Noirs vivent encore dans des camps d’exclusion au Sénégal et au Mali, déportés de leur pays depuis avril -juin 1989, dans le cadre d'une politique de « darwinisme ethnico raciale » et d'arabisation de la Mauritanie. Dans ce pays, on trouve des familles Bamana, des Fulbe, des Sooninko et des Wolof dont les maris sont déportés. Dans d'autres, ce sont les épouses qui sont déportées emportant une partie des enfants1716. Après avoir été déportés, ces Mauritaniens sont encore victimes d'une politique de l'oubli et de déni sous le prétexte que leur retour est jugé non souhaitable, parce que source de conflit susceptible de menacer la stabilité dans la sous région ! Les terrains de culture, les biens immobiliers, le bétail étant redistribués à des groupes de populations venues du Nord et à leurs H’râtîn, le gouvernement du Système Bîdhân ne veut plus les leur retirer. On cherche donc à fondre les déportés aux populations du Mali et du Sénégal (comme le souhaite aujourd’hui l’actuel gouvernement de Abdou DIOUF, un allié stratégique du Système Bîdhân).

Comme pour aggraver leur situation, le Haut Commissariat aux réfugiés (H.C.R.) a décidé de ne plus leur fournir de l'aide alimentaire à partir de la fin du mois de décembre 1994. Un organisme international qui se prétend humanitaire et qui affiche une relation de complicité avec le gouvernement de Maouya Wul Sid’Ahmed Wul TAYA et de son Système Bîdhân.

En Mauritanie, on est en train de préparer inévitablement un processus de guerre ethnico raciale, de massacres semblables à celui que nous vivons douloureusement aujourd'hui dans certaines parties du monde. Nous pensons au Rwanda. D'autres Rwanda se préparent dans le monde. Les démocraties occidentales le savent ; mais, comme d'habitude, elles n'interviendront que lorsque des fleuves de sang auront coulé. Il faut donc penser à une action préventive.

C'est au cours de mon séjour à Ayoun el Atrouss que je reçus pour la première fois deux cartes postales qui m'apprirent (mes camarades aussi puisque certains avaient reçu des cartes venant de France, de Belgique, de Suisse, des Etats-Unis, des pays scandinaves, etc.) que nous n'étions pas abandonnés comme nous l'avions toujours cru pendant tout notre long et pénible séjour à Waalata. C'est bien plus tard qu'un garde nous avoua qu'à Waalata le courrier était brûlé régulièrement, les colis détournés au profit des gardes. C'est à l'occasion de ma première visite à Sète que j'appris que mon groupe d'adoption m'envoyait du courrier. Les deux cartes postales (elles furent confisquées tout de suite après que nous ayons fini de les lire) avaient été envoyées par deux collégiennes de Poussan et de Balaruc-les-Bains. Je n'ai pas encore eu l'occasion de rencontrer ces personnes pour leur dire combien leurs cartes m'avaient remonté le moral, surtout à un moment où je me sentais si seul après la déportation de ma famille. Je n'étais pas le seul à vivre cette joie. J'entends encore les cris de joie de Mamadou Sidi BAH qui venait de recevoir une lettre de La Caroline du Sud (Etats Unis) : « (…) Nous serons libres, nous serons libres. Nous ne sommes pas abandonnés. Vous voyez que nous avons des amis (…) ». L'arrogance de certains de gardes diminua. Depuis qu'ils comprirent que la situation pouvait se retourner contre eux un jour, certains adoptèrent une attitude moins agressive à notre égard.

Un premier groupe fut libéré le 11 décembre 1989. Un second dont je faisais partie fut libéré le 14 septembre 1990. Les militaires furent libérés en mars 1991. Officiellement il n'existe pas de prisonnier politique. Mais depuis cette date, régulièrement des femmes, des hommes, des enfants, parfois ce sont des familles entières qui disparaissent. En 1991 et 1992, les charniers ont été trouvés près des villages de Wocci et Sori Male (Vallée du fleuve Sénégal/ Fuuta Tooro).

Pour terminer, je voudrais lancer un appel à la vigilance auprès de tous ceux qui luttent individuellement ou collectivement en faveur des droits humains. Nous avons remarqué que les autorités carcérales changeaient de comportement à notre égard en fonction du degré de pression dont le régime faisait l'objet de la part de l'opinion internationale. Pression d'une puissance ou des puissances occidentales sur les régimes dictatoriaux dont ils dépendent pour asseoir leurs pouvoirs, mais aussi et surtout pression des opinions de ces puissances sur leurs propres gouvernements. Car aujourd'hui, aucun pays dit occidental ne pourra convaincre son opinion qui est soucieuse du respect fondamental des droits humains sur le soutien qu'il apporte à un régime raciste, tribaliste et sanguinaire, quelles que soient les raisons d'Etat qu'il pourrait évoquer.

Certains pays qui violent les droits humains font la sourde oreille devant la désapprobation de l'opinion internationale, mais nul ne peut rester éternellement dans cette attitude. En ne baissant jamais les bras, je suis convaincu qu'on continuera à sauver encore des vies humaines à la merci des dictateurs et des sanguinaires.

L'absence de vigilance a permis de reprendre encore, entre 1990 et 1991, les massacres contre les Noirs de Mauritanie. C'est ainsi que 534 d'entre eux, civils et militaires, furent tués en toute impunité. Il n'existe aucune trace de leurs corps. De nombreuses demandes ont été formulées par des organisations non gouvernementales telles que Amnesty International pour l'envoi d'une mission d'enquête sur les violations des droits humains en Mauritanie, et plus particulièrement sur les exécutions extra judiciaires de 1990-1991. Parmi les victimes de cette période figurent d'ailleurs d'anciens détenus de Waalata et d'Ayoun el Atrouss

Le relâchement de la pression internationale, et surtout le soutien inconditionnel de la France [n'est-ce pas l'actuel conseiller pour les affaires africaines à l'Elysée qui avait déclaré lors de sa visite en décembre 1992 que « (…) le cas des massacres des militaires Noirs était un détail (…)» - des propos qui rappellent étrangement un discours révisionniste ici en France. N'est-ce pas l’ambassadeur de France à Nouakchott, le sieur RAIMBAUD, qui a déclaré récemment à une délégation mixte composée de membres de la Fédération internationale des droits de l’Homme et de Agir Ensemble pour les Droits de l'Homme que : «(…) Cinquante mille déportés, ça ne fait pas pleurer beaucoup de monde (…)»-(cf. Rapport F.I.D.H., avril 1994)] au régime raciste et chauvin de Maouya Wul Sid’Ahmed Wul Taya ont encouragé celui-ci à faire voter par son assemblée monopartiste le 29 mai 1993 une loi d'amnistie en faveur de tous les militaires, gardes, gendarmes et policiers impliqués dans les massacres et tortures contre les Noirs (Fulbe, Sooninko, Wolof, Bamana) entre octobre 1990 et mars 1991.

C'est dans cette impasse que se trouve actuellement la Mauritanie. Un Etat et un régime contrôlés par une ethnie dont les préoccupations sont d'être ancrées au monde arabe et qui se détourne de l'autre partie non arabe de la Mauritanie qui, elle, non seulement cherche à sauvegarder son identité, mais lutte aussi contre sa destruction physique.

Nous faisons tout notre possible pour ne pas tirer la même conclusion pessimiste que cet ancien administrateur colonial, Gabriel FERAL que j’avais eu l’occasion de rencontrer à l’occasion d’un colloque1817 et qui m’avait répondu sans compromis, à propos de la Question nationale en Mauritanie, qu' « (…) il n'y a pas de solution compte tenu de l’Histoire et de ce qui s'est passé entre les deux communautés (…)».

Mais je continue à me poser la question que je me suis toujours posée avant, pendant et après la prison : Quel est l'avenir de la Mauritanie ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1 Le fantôme du grand mufti de Jérusalem, Hâji Amin el-Husseini, leader des Arabes de Palestine sera peut-être heureux de constater qu’en Mauritanie, le Système Bîdhân continue d’appliquer ses théories. Il avait quitté Bagdad en 1939 pour s’exiler à Berlin où il vécut jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, accueilli par son allié Adolf HITLER qui avait promis « (…) de faire massacrer tous les juifs de Palestine quand ils auraient envahi la région ». En attendant, « (…) Il y fut stipendié « à la fois par le Ministère des Affaires étrangères et par la SS ». Le Nazisme qualifiait les Arabes d’  « Aryens honoraires ». (« La tragédie des soldats juifs d’Hitler » Bryan M. RIGG. Paris. Editions de Fallois. 2003. 367 pages. Traduit de l’américain par Huhues de GALLOIS. P. 272. Note 1

Titre original: «Hitler’s Jewish soldiers ». 2002 by the University Press of Kansas.

 

2 Lorsque le président prononça ce propos, feu Tafsirou DJIGGO qui était debout près de moi dit en Pulaar : « ee ndaw ko haani !» (« Que cela est étonnant ! »). Ne comprenant rien de ce qu’on disait durant le procès qui était fait en arabe, langue que je ne comprends pas, il me traduisait discrètement en Pulaar tout ce qu’on disait. Il me traduisit donc ce que venait de dire le président du tribunal. « Et alors (répondis-je). Ce n’est pas un affront d’être assimilé à des juifs. Nous avons beaucoup de sympathie pour ces gens. Est-ce que lui-même il n’a pas d’ancêtres juifs. Dans ce pays il y a des tribus bîdhân qui étaient juives avant l’arrivée de l’islam et qui ont été converties de force à cette religion et arabisées». C’est l’Historien qui s’exprimait et non le politique. Il rétorqua avec un regard très désapprobateur : « Mubbu hunuko maada Ibiraahiima. Wonaa nokku to dum haaletee. A waylotaako mukk » (Tais-toi. Ce n’est ni le lieu ni le moment de le dire. Tu es toujours le même). Je me fis alors tout petit, obéissant à l’aîné.

 

3 La Communauté des H’râtîn est composée de deux sous-ensembles : les H’râtîn proprement dits qui sont des descendants d’esclaves et les Abîd qui sont encore soumis au régime intégral d’esclavage bien que celui-ci ait été supprimé en Mauritanie par l’ordonnance n°81 234 du 9 novembre 1981.

Les décrets du 27 avril 1848 et du 12 décembre 1905, l’indépendance de la Mauritanie en 1960 et son adhésion aux Nations unies puis l’ordonnance du 9 novembre 1981 n’ont jamais permis aux esclaves vivant dans l’espace administratif de Mauritanie de se libérer de leurs conditions de servilité parce que ceux qui ont toujours détenu le pouvoir sont aussi leurs propriétaires ou leurs anciens propriétaires.

 

4 Les « chaînes de Brahim Wul Alioune NDIAYE » qui nous entravèrent les pieds du 2 janvier au 31 octobre 1988 étaient ainsi dénommées parce que ce colonel à l’époque chef d’Etat major de la Garde nationale avait eu l’idée de commander des chaînes exclusivement pour nous faire subir les pires souffrances. Comme le rapportait le lieutenant-flingueur drogué et tortionnaire Ghâli Wul SOUVY, de la tribu des Awlâd Gheylân : «On vous a fait venir ici pour vous tuer. Vous ne retournerez jamais auprès de vos familles. Nous vous tuerons tous à petit feu, et nous ferons des rapports dans lesquels nous dirons que vous êtes morts de paludisme. C’est fini pour vous. C’est ma mission. Ordre du patron».

 

5 Pour les Bîdhân, le facteur racial ne peut être considéré comme critère fondamental d'identification par rapport aux Wolof, Sooninko, Fulbe (ou HaalPulaareebe et aux Bamana, même si cette nationalité se désigne sous le vocable identitaire racial de «Bîdhân», mot dérivé de l'arabe Ebial qui veut dire «blanc». S'il existe une moitié «blanche» (en réalité, elle est pour l'essentiel métissée, biologiquement parlant), l'autre se compose de Noirs qui sont des Hrâtîn (affranchis ou descendants d'affranchis) et de Abîd (esclaves).

C’est le seul peuple au monde que nous connaissons qui se donne un qualificatif identitaire sur des considérations raciales. Il désigne les autres peuples africains qui ne sont pas de « race blanche » par le vocable « Sudân» (les Nègres) ou par le vocable « Kwar » (du mot kufr, mécréants)

 

6 Lors de la première séance de tortures il tiendra les propos suivants : « Vous êtes des ingrats. On vous fait manger et vous et vous vous vouliez vous révolter. Vous allez payer votre ingratitude sales Yahoud »

 

7 Lors de la première séance de tortures lui aussi dira en Hassaniya qui est l’arabe dialectale des Arabo-berbères de Mauritanie : « kaamil ndoor kallas Inch Allah : Ils paieront tous chèrement s’il plaît à Allah»

8

 En dehors de l’ex-commissaire de police Mamadou LIH, de l’ex-capitaine de l’armée Djibril DIOP et de feu Moussa LIH qui étaient enfermés dans une même cellule tous les trois avec feu le lieutenant du génie Abdoul Qhouddous BAH qui lui, eut des chaînes aux pieds jusqu’à son décès, tous les autres prisonniers politiques avaient été enchaînés deux par deux entre le 3 et 10 janvier 1988. C’est après cette date que chacun fut enchaîné seul aux pieds. Durant cette première période, nous vécûmes une autre forme d’humiliation qui nous marqua psychologiquement. Etre enchaîné avec son aîné pour lequel vous avez le plus grand respect et avec lequel vous êtes obligé de vivre tous vos moments intimes, jusqu’à aller avec lui aux toilettes. Des moments que nous redoutions tous. Le service pénitencier pratiquait ainsi tout acte qui était susceptible de nous détruire psychologiquement.

 

9 Lorsqu’il entendit mes hurlements, Tafsirou DJIGGO choqué se mit à pleurer à chaudes larmes. Une émotion et une solidarité humaine et militante que ne partagèrent pas Teen Yousouf GUEYE, Saydou KANE, Ibrahima Mocktar SARR et Abdoul Aziz KANE. Notre camarade Paate BAH entendit Teen Yousouf GUEYE qui regardait la scène dire « C’est bien fait pour lui. C’est un extrémiste. Il nous met toujours en danger. Il est toujours en train de protester ». Choqué par ces propos, Paate BAH, mettant de côté notre tradition culturelle africaine qui exige le respect à l’égard de l’aîné, l’engueula en le traitant d’inhumain. C’est Ibrahima Mocktar SARR, Saydou KANE et Abdoul Aziz KANE qui lui répondirent violement à la place de Teen Yuusuf GEY en cautionnant le propos de celui-ci. Il s’en suivi de vives altercations entre Paate BAH et ce trio devant tout le monde. Il fallut les calmer. On ne décida de me raconter cette scène qu’au camp des déportés de NJum (Sénégal) à l’occasion de ma première visite en avril 1994. Une telle attitude d’inhumanité à mon égard de la part de Teen Yousouf GUEYE, d’Ibrahima Mocktar SARR et de Saydou KANE ne me surprenait guère.

 

10 Décédé seul le jeudi 2 septembre 1988 dans sa cellule, à la prison civile de Nema où il avait été transféré la veille

 

11 Entre le 16 janvier 1987 et le 31 octobre 1988, vingt trois missions d’inspection ont été effectuées à Waalata. Une, celle du 5 octobre 1988, était conduite par le Ministre de l’Intérieur , des Postes et Télécommunications de l’époque en personne, le néo-nazi et raciste anti-Noirs, le colonel Gabriel CIMPER alias Djibril Wul ABDALLAH. Trois d’entre elles par le gouverneur de la région de Nema. Toutes les autres étaient commandées par des commandants de la région militaire de Nema. Parmi les 23 missions, 7 avaient chacune parmi leurs membres un médecin. Aucun d’eux n’avait respecté le sermon d’Hippocrate. Ils se sont tous comportés en agents d’un Système venus constater l’évolution de la campagne de liquidation physique de ses ennemis. Lors de la visite du 8 septembre 1988, le médecin de Nema, toujours un Bîdhân affirma que nous « (…) étions bien traités (…)» !

 

12 Malgré l’interdiction qui était faite aux prisonniers politiques de fumer, une solidarité manifestée par deux gardes H’râtîn permit au groupe des fumeurs invétérés (les maréchaux des logis chefs Pappa GUEYE, Samba Yero WONE, des sergents Moussa BAH, Ousmane Abdoul SARR et Djibi Doua KAMARA, de Mamadou Sidi BAH, Saydou KANE l’aîné et Al Hadji DIA) de reprendre le tabac pendant quelques jours du mois de février 1988. Ils fumaient à tour de rôle leurs morceaux de cigarette dans ce que nous appelions «antichambre» ; mais dans la discrétion car il fallait éviter que les autres gardes ne les découvrent. Ce qui aurait donné encore des arguments pour de nouvelles représailles contre nous, mais surtout contre les rares gardes qui étaient en relations de solidarité.

13

 Souvent drogué, tortionnaire machiste, ce lieutenant-flingueur (car il aimait bien répéter qu’il allait nous flinguer tous) disait à qui voulait l’entendre : « (…) On vous a fait venir ici pour vous tuer. Vous ne retournerez jamais auprès de vos familles. Nous vous tuerons tous à petit feu, et nous ferons des rapports dans lesquels nous dirons que vous êtes morts de paludisme. C’est fini pour vous. C’est ma mission. Ordre du patron (…)».

14

 Je revois encore ces deux gardes H’râtîn qui exprimaient leur joie devant le corps inanimé de mon cousin en disant en hassaniya : « Quelle joie. Voilà un autre Nègre qui est encore mort. Qu’ils meurent tous ». Comme si eux-mêmes n’étaient pas eux-mêmes des Nègres ! ET dire que mon cousin Abdoul Qhouddous BAH est un métis. Son père est un Pullo et sa mère une Bîdhâniya. Quelle absurdité cette question raciale en Mauritanie qui s’est installée dans l’irrationalité. C’est seulement après son décès que les gardes acceptèrent de lui enlever les chaînes aux pieds, alors que nous le leur avions demandé de le faire au moment de son agonie.

 

15 A Horkayere, sur la rive gauche du Fuuta Tooro, notre pays d’origine qui a été divisé en deux morceaux par l’administration coloniale française (Arrêtés du 10 avril 1904 et du 10 janvier 1905, décret du 25 février 1905). La rive gauche a été intégrée à la colonie du Sénégal devenue République du même nom depuis son accession à l’indépendance le lundi 4 avril 1960. La rive droite a été intégrée à la colonie de Mauritanie qui venait d’être créée et qui est devenue depuis son accession à l’indépendance le lundi 28 novembre 1960 « République islamique de Mauritanie», une appellation initiée par l’administration coloniale elle-même. Paradoxal.

16

 Au cours de l’entretien, à propos des déportations, la femme fit les remarques suivantes : « (…) C’est absurde tout cela. J’ai rencontré à Nouakchott une jeune femme dont la sœur jumelle a été déportée sous prétexte qu’elle est sénégalaise. Elle, on lui a dit de rester parce qu’elle est Mauritanienne. Vous vous rendez compte. C’est absurde. J’ai l’impression que je vis dans le rêve (…) ».

« (…) Non, vous ne rêvez pas Madame. Vous êtes dans un pays qui s’appelle Mauritanie. Vous vivez seulement dans une logique de l’irrationnel. Mais ils le regretteront lorsqu’ils se rendront compte un jour qu’ils sont en train de payer chèrement leurs actes barbares (…) ».

 

17 Colloque « Mémoires de la colonisation. Relations colonisateurs colonisés ». 3 et 4 décembre 1993. I.H.P.O.M. Université d’Aix-en-Provence. Il m’avait invité à dîner le 3 au soir, dîner au cours duquel nous discutâmes longuement sur la cohabitation entre les Bamana, les Fulbe, les Sooninko et les Wolof d’une part, les Bîdhân et leurs Hrâtîn d’autre part, sur l’avenir de la Mauritanie.

Administrateur d'Outre-mer à la retraite. Fonctions : administrateur adjoint du cercle du Brakna (1942-1943), (1946-1953) administrateur adjoint au Tagant, chef de subdivision nomade à Tichitt, administrateur adjoint au Hodh, commandant du cercle de l'Assaba, plusieurs missions BI, (1959-1960). Conseiller technique au Ministère de la Justice à Nouakchott.

 

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6 juillet 2012

Témoignage d'un rescapé du génocide en Mauritanie: " La mort ne voulait pas de moi"

Témoignage d'un rescapé du génocide en Mauritanie: " La mort ne voulait pas de moi"

par Fliim Pelitale, jeudi 5 juillet 2012, 19:44 ·

Témoignage d'un rescapé du génocide en Mauritanie: " La mort ne voulait pas de moi"

 

 

 

Il avait le visage sombre, sans expression,sans vie, peut-être à cause de ses yeux presque éteints. Un instant seulement il s´est animé, en sortant une liasse de papiers de sa serviette, qu´il m´a tendue. Il y en avait des pages et des pages photocopiées, où s´alignaient des noms, des grades, des lieux, des dates..

 

 

- Tous ceux-là sont morts, m´a-t-il dit d´une voix sourde. Regardez bien, lisez.

Ensuite, il a raconté son histoire:

 

Je suis un militaire de carrière, brigadier-chef de la Garde Nationale, ancien commandant de brigade de T., une ville qui se trouve non loin de Nouakchott, la capitale de la Mauritanie. J´ai derrière moi vingt quatre ans de service militaire.

 

 

Aussi loin que je remonte dans ma vie, depuis que j´ai commencé à comprendre, j´ai toujours constaté que les noirs n´avaient aucun droit, et que les Maures blancs étaient privilégiés. Chez nous, sur vingt ministres au gouvernement il y a un quart seulement pour les noirs, à l´armée, un seul Noir pour dix officiers. Dans un stage, si un Maure a mal travaillé, il l´emporte portant sur n´importe quel Noir. Et pas question de protester.

 

 

Moi, je me suis accommodé de cette situation injuste, sans jamais faire de politique. Il me fallait vivre, et ma famille aussi. J´ai sept enfants,ou plutôt huit, le dernier, je ne l´ai encore jamais vu, il est né après mon exil.

 

 

C´est le 25 novembre 1990, que tout a commencé, par la réception d´une lettre de mon supérieur hiérarchique de la région militaire T., dont dépend ma brigade. Ce dernier me demandait de passer immédiatement mon commandement à mon adjoint, de me rendre à R.. toutes affaires cessantes. Dès le message recu, j´ai obéi, et j´ai pris un taxi pour R. muni de mon paquetage. Je suis arrivé vers midi à la caserne, et me suis présenté au bureau du chef, le capitanie A. Son sécrétaire m´a dit de l´attendre.

 

 

A quinze heures, le capitaine est apparu, il m´a appelé, et m´a seulement annoncé que je commanderai la section qui allait hisser le drapeau chez le gouverneur, trois jours plus tard, le vingt huit novembre, date anniversaire de l´indépendance de la Mauritanie. En attendant, j´habiterai la caserne et je devrai assister aux quatre rassemblements de la troupe, qui avaient lieu tous les jours. Le 28 novembre, comme prévu, j´ai participé à la fête de l´indépendance. Nous avons recu pour l´occasion des uniformes neufs. Le gouverneur a fait son discours, le drapeau a été hissé, et je suis revenu à la caserne à la tête de la section.

 

 

Je croyais aprés cela que j´allais repartir pour T. retrouver mes hommes, mais on m´a donné l´ordre de rester à R et de continuer à assister aux quatre rassemblements quotidiens: le premier à huit heures du matin, rassemblement général des troupes, élèves compris, et lever des couleurs, à midi, rassemblement pour les corvées des soldats, ordres, missions, à quinze heures, rassemblements de contrôle, et à dix huit heures, le dernier rassemblement pour la descente du drapeau.

 

 

 

J´ai vécu ainsi pendant près d´un mois. A la radio, on parlait de la guerre du Golf et d´évènements graves à Nouadhibou, la capitale économique du pays. Confusément, je m´attendais à quelque chose.

 

 

Enfin, le 20 décembre, mon capitaine m´a fait savoir que j´étais dispensé des rassemblements du jour à la caserne, et que je devais me tenir à sa disposition.

 

 

A quinze heures, un planton est venu me chercher, c´était urgent, je le suivis.

En passant dans la cour, nous avons croisé le capitaine, nous nous sommes salués. Le capitaine m´a informé de mon retour à T.. Il fallait me préparer et le rejoindre ensuite. Je suis donc retourné dans ma chambre, j´ai rassemblé mes affaires, je les ai portées dans la Land-Rover qui devait m´amener. Ensuite je me suis dirigé vers le bureau du capitaine, en treillis, rangers aux pieds. Dans la salle d´attente, le secrétaire est venu s´asseoir à côté de moi.

Et puis soudain, la salle a été envahie par quatorze gardes, tous des blancs, trois d´entre eux portaient des fusils, les autres des menottes et des chaînes.

Leur chef m´a crié qu´ils avaient l´ordre de s´emparer de moi et de m´attacher. J´étais révolté, j´ai demandé ce que j´avais fait? ils ont répondu qu´ils n´en savaient rien, et que ce n´était pas leur problème.

 

 

J´ai donc été ligoté une premiére fois. A ce moment, le capitaine est entré, son pistolet à la main. Il a ordonné qu´on m´attache plus fortement encore.

La colére m´a pris, on m´avait jamais traité ainsi, en plus de vingt ans de service, pas une punition ne m´avait été infligée. J´ai profité de l´instant où mes bras ont été libres pour réagir, me défendre. Je ne voulais pas qu´on m´attache, mais qu´on m´explique ce qui se passait d´abord!

On m´a frappé à coups de crosse, à coups de chaînes en fer. Avant de tomber à terre, j´ai aussi frappé le chef des gardes, je n´avais peur, ni de lui, j´étais de taille à l´affronter, ni des fusils avec lesquels on me menacait, je savais qu´ils n´avaient pas de cartouches...

Ils ont du s´y mettre à plusieurs reprises pour me maitriser et me lier comme le chef le voulait: deux menottes aux poignets, les bras dans le dos, deux menottes aux chevilles, et enfin des menottes pour relier les mains et les pieds. Cela s´appelle "le jaguar", car c´est dans cette position qu´on accroche cet animal sur une perche, après la chasse. Les menottes possédaient des dents acérées à l´interieur, elles m´entraient dans la peau, j´en porte encore la marque aujourd´hui.

Je suis resté sur place dans cette position jusqu´à environ huit heures du soir. Ensuite les gardes ont apporté un sac de riz vide, un grand sac, qui peut contenir cent kilos, ils m´ont mis à l´interieur, et m´ont transporté jusqu´à la Land Rover dans la cour. Ils m´ont jeté au fond de la voiture, et ils se sont assis sur mon corps.

 

 

La voiture a demarré, nous sommes sortis de la ville. A environ 70 kilométres de R.. se trouve un terrain nu, c´est le Centre de tir. Là, on m´a fait descendre, on m´a jeté sur le sol, et les gardes se sont mis à préparer du thé.

A un moment donné, ils m´ont déchiré ma tenue militaire à l´aide d´un couteau. Je suis resté en slip dans le froid et la nuit. La région est réputée pour ses moustiques, ces derniers s´en sont donnés à coeur joie.

 

Le capitaine est arrivé à environ 23 heures. Il a ordonné aux gardes de creuser un trou dans le sable. Lorsque le trou a été creusé, il a sorti son pistolet et s´est posé juste devant moi pour m´annoncer que le gouvernement avait appris qu´un coup d´état des FLAM était en préparation contre lui dans la ville de Nouadhibou. Je devais être au courant, il fallait que je dise ce que je savais là-dessus. Sinon, ma tombe était prête et j´allais mourir. En revanche, si je parlais, on me détacherait, on me rhabillerait, et on me ramenerait à la caserne comme si de rien n´était.

J´ai répondu que je ne savais rien du complot, et que je n´avais pas mis les pieds à Nouadhibou depuis six mois. Avant de venir à T. j´étais en garnison seulement à Kiffa et à Nouakchott. "

 

-Tu ne veux pas parler, tant pis pour toi", a dit le capitaine.

 

 

A partir de ce moment là, il a changé de ton pour me parler, les gardes aussi. Ils ont utilisé des mots dégradants humiliants, ils crachaient sur moi, m´appelaient: "Sale négre". Aprés, ils n´ont plus cessé.

Le capitaine a demandé aux hommes le tabac en poudre qu´ils utilisaient pour leurs pipes. Beaucoup fument la pipe chez nous. Chacun a sorti ses réserves, et en a vidé une part sur un morceau de turban. Ils ont mélangé du piment moulu avec le tabac, dans un pot de thé.

Une nouvelle fois, le chef m´a demandé si je voulais parler, j´ai répété que je ne savais rien.

 

 

On m´a allongé sur le dos, et on m´a mis, en guise de bandeau sur les yeux, le morceau de turban et son mélange de piment et de tabac en poudre.j´ai eu beau essayer de fermer les paupiéres, la mixture s´est infiltrée et a commencé à brûler d´une facon atroce. Un quart d´heure plus tard, le capitaine m´a interrogé à nouveau, et on m´a remis du mélange sous le bandeau. Les gardes ont recommencé à trois reprises. En même temps les hommes ont amené un réservoir d´eau de la voiture et m´ont arrosé. Notre climat désertique fait que les nuits sont très fraiches, par opposition au jour. Et les moustiques n´arrêtaient pas de piquer par dessus le marché.

 

 

J´avais froid et surtout très mal, mais je supportais la douleur. De toute façon, je n´avais rien à dire. A la fin, on m´a remis dans le sac de riz vide, transporté dans la Land Rover, et ramené en ville. Je ne pensais plus à rien, j´étais sûr qu´on allait me tuer maintenant. Un autre trou dans le sable comme tombeau.

 

 

On m´a enfermé dans un local de la caserne, un local sans toit où le vent pénétrait. J´étais étendu sur le sol de ciment, et j´ai entendu qu´on placait une sentinelle devant la porte, avec son fusil.

Je suis resté là jusqu´au lendemain, toujours attaché et le bandeau plein de tabac sur les yeux. Le capitaine est revenu à midi avec des gardes. Une nouvelle fois il a sorti son pistolet, m´a fait sentir son canon sur la tête, et m´a demandé si mon choix était fait, si je préférais parler ou mourir ? Une nouvelle fois, moi aussi, j´ai répété que je ne savais rien, et que je ne voulais pas mentir.

-" On attendra", dit le capitaine à ses hommes.

 

 

Je suis resté deux jours dans le même local, attaché, le bandeau sur les yeux, sans boire ni manger. Les sentinelles se relayaient toutes les deux heures. En prenant leur tour de garde, elles appliquaient les instructions recues, me frappaient à coups de pied et m´arosaient d´eau froide. Cinq fois de suite elles me remirent dans les yeux du tabac chauffé avec du thé.

 

 

Je m´affaiblissais, je souffrais, je pensais toujours à la mort, j´étais convaincu que j´allais mourir, d´ailleurs, il me semblait préférable de mourir plutôt que de subir encore la situation dans la quelle je me trouvais. J´avais accepté mon sort, j´avais déjà un pied dans l´au-delà.. Dans un local voisin, j´entendais des gémissements et des plaintes sourdes. C´était la voix du chauffeur du capitaine, un Noir comme moi, qu´on torturait. Le troisiéme jour, le capitaine est venu, accompagné du commandant du centre. Ils appartenaient à la même tribu de Maures, mais le commandant était un homme intégre.

 

 

Il a interrogé le capitaine et les gardes, qui lui ont raconté comment ils m´avaient traité pour me faire parler, les piments et le tabac mêlés au thé dans les yeux, les menottes, l´eau froide sur le corps, les coups, le manque de nourriture et de boisson.

Le commandant leur a dit:"-puisqu´il n´a pas parlé avec tout ça, c´est peut-être qu´il ne sait rien. Qu´on le libére".

 

 

Le commandant est parti, mais je n´ai pas été libéré. J´ai appris plus tard que l´officier avait envoyé un rapport à l´Etat-major à mon sujet. A la suite de quoi, il a été convoqué à Nouakchott, où on lui a reproché d´avoir demandé ma libération. Il eut l´ordre d´arrêter tous les Négro-africains de la garnison de R.mais il a refusé, disant qu´il était prêt à tout, mais pas à arrêter des innoncents.

Moi, on m´a donné pour la première fois depuis mon arrestation un peu de bouillie tiède à manger. J´ai vomu. La même nuit on m´a transporté à T.. d´où je venais, et on m´a enfermé dans une prison dont j´ignorais même l´existence, de nouveaux bâtiments destinés à un tout autre usage. Dès mon arrivée, on a commencé à me battre vraiment. Pas des coups occasionnels, comme durant les premiers jours de détention, mais des raclées systématiques, accompagnées de coups de baïonnettes, dont je garde encore des traces sur le corps. On m´a battu toute la nuit, des soldats que je connaissais, c´était trop, l´idée de la mort me poursuivait, seulement je ne pouvais pas mourir, la mort ne voulait pas de moi!

 

La prison a commencé à se remplir peu à peu les jours suivants. Nous nous sommes retrouvés à 70, tous des militaires Négro-africains, rassemblés dans une seule salle au sol cimenté, sans sanitaires, avec une porte en fer ornée d´un gros cadenas. Nous avions les yeux bandés en permanence, exceptés quatre ou cinq d´entre nous, pour une raison inconnue, peut-être par manque de turbans. Ceux-là nous racontaient tout ce qui se passait, si bien qu´à la fin, les gardiens les ont mis à part, en quarantaine, pour qu´ils ne nous parlent plus.

 

 

Tous les matins on nous sortait de nos cellules et on nous alignait dehors. Le capitaine arrivait, je le connaissais aussi, il faisait une croix à la craie devant ceux qu´on allait torturer ce jour là. L´angoisse nous avait déjà serré le coeur, bien à l´avance.

Les tortures étaient pratiquées de différentes facons. Par exemple, on creusait des trous dans le sable, on nous enterrait jusqu´au coup, la tête immobilisée, le visage nu tourné vers le soleil. Si on essayait de fermer les yeux, les gardes nous y jetaient du sable. Ensuite on nous remettait nos bandeaux.

 

 

D´autres prisonniers étaient emmenés jusqu´à un puits, qui ne contenait que peu d´eau. Ils étaient attachés par les pieds à fond. Ils suffoquaient, on les ressortait, et on recommencait.

 

 

Ces tortures n´étaient plus faites pour qu´on parle du complot, tout le monde savait maintenant que le coup d´état, soit disant en préparation, n´avait jamais existé. Les tortures étaient gratuites, elles avaient pour but de nous éliminer, nous les Noirs, les Maures du système savaient que même les rescapés seraient des gens dimuniés pour toujours. La guerre du Golf servait de prétexte, la haine expliquait tout.

Cela dura vingt et un jours, jusqu´à l´arrivée d´un officier de renseignement de l´Etat-major.

 

 

Ce matin là, on nous retira nos bandeaux, ainsi que les menottes entravant nos pieds. On nous garda que celles des mains, attachés dans le dos. Les gardes nous firent sortir, cinq par cinq, en dehors de la prison. L´officier n´en avait pas franchi la porte, il se tenait assis derrière une table, et prenait des notes, le capitaine assis á ses côtés.

Certains d´entre nous ne pouvaient plus tenir debout. Ceux-là ont été traînés, ou même transportés.

Lorsque ce fut mon tour de passer devant lui, l´officier se mit debout, s´avanca vers moi.

J´étais sale, comme les autres et abîmé de partout. Il me souleva la tête, me demanda si je le reconnaissais. J´y voyais très mal, mais j´ai dit oui. Nous nous connaissions depuis des années, il savait ma conduite toujours exemplaire."pourquoi lui a-t-on fait ca ?" a -t-il demandé en voyant sur moi les traces de tortures.

 

 

Il a ordonné au chef d´enlever tout de suite le tabac qui restait dans mes yeux, et demande qu´on fasse venir un médecin. Le capitaine a répondu qu´il était d´accord. On m´a mis de côté, et l´officier s´est occupé des autres prisonniers. Je ne l´ai pas revu avant son départ pour Nouakchott.

 

 

Un médecin est venu, il m´a examiné, m´a fait une ordonnance pour des médicaments. Lorsqu´il est parti, le capitaine a déchiré l´ordonnance et m´a jeté les morceaux de papier au visage.

 

 

J´ai déjà dit qu´au début nous étions environ 70 en prison. A la fin, il n´en restait que 16. Les autres étaient "partis". Quand un prisonnier ne pouvait plus tenir, il disparaissait. Nous demandions où il se trouvait, on nous répondait: "- A l´hopital".

Mais en vérité, il avait été exécuté en cachette. Nous avons su tout cela seulement à notre sortie. Avant, nous l´ignorions, même si nous avions des doutes.

 

 

Nous, les survivants, nous nous trouvions aussi en bien mauvais état. Moi, je n´y voyais plus du tout, les camarades dirigeaient mes moindres gestes. Après la visite de l´officier, les tortures cessérent pourtant.

 

 

Une délégation officielle est arrivée de la capitale, le 6 mars 1991 pour nous libérer. D´autres prisonniers l´avaient déjà été dans d´autres camps, dans d´autres prisons. Notre chef, lui, n´avait pas voulu nous rendre notre libérté, il avait écrit à l´Etat-major que nous étions trop visiblement abîmés pour nous relâcher.

 

 

Donc, la délégation est venue. On nous a rassemblé, certains tenaient sur leurs jambes, d´autres étaient par terre. Le responsable de la délégation s´est adressé à nous, nous a déclaré qu´il parlait au nom du président de la République et du chef du gouvernement , le colonel Maouya Ould Sid´Ahmed Taya. Il nous adressait ses salutations. Si nous étions emprisonnés, c´est que des soupçons avaient pesé sur nous:

 

 

- " Entre militaires, vous le savez, nous avons l´habitude de punir ceux qui trahissent et complotent. Nos soupçons n´étaient pas fondés, nous le reconnaissons. Le président s´excuse. Demain, on vous aménera des vêtements neufs et vous serez libres. N´oubliez pas que vous êtes des Mauritaniens comme les autres. Ne parlez pas de ce qui vous est arrivé."

 

 

Ensuite le responsable a dit aux gardes de nous donner à manger. Ceux-ci se sont regardés, et l´un d´entre eux a levé la main pour demander la parole. Il a demandé si nous, les militaires torturés, nous allions rester en service dans l´armée, comme auparavant ?

 

 

Le chef a répondu affirmativement.

 

Le garde a repris alors:

" - S´ils sont maintenant dans l´armée, comme il y en a de plus gradés que nous, nous risquons d´avoir des ennuis avec eux".

 

 

Cette remarque a du paraître justifiée, puisque nos tortionnaires ont été affectés dans une garnison au nord-est du pays, très loin de T.et de R. Le lendemain, on m´a conduit à l´hopital de R. j´avais mal aux jambes, je pouvais à peine marcher, je n´arrivais plus à me servir de mes mains pour manger. Et je ne parle pas de mes yeux. Même me sachant libre, en théorie, je pensais toujours à la mort.

Des gardes nous surveillaient pour empêcher les visites. La nouvelle de notre libération s´était répandue, d´autres prisonniers d´autres camps étaient déjà rentrés chez eux grâce à des congés octroyés par l´armée. Beaucoup sont morts à ce moment là, peut-être à cause du rétablissement trop brutal d´une alimentation normale.

 

 

Toujours à l´hopital, j´ai appris que le président de la République nous avait accordé son "pardon" pour ce complot qui n´avait jamais existé. Il ne s´ agissait plus d´excuses comme on nous l´avait annoncé en prison!

 

 

Lorsque je fus quelque peu rétabli, on me transféra à l´infirmerie de l´Etat-major,à Nouakchott.

Je n´avais toujours pas de contacts avec quiconque, on ne voulait pas qu´on puisse me voir dans mon état. Des parents sont allés se plaindre au Ministére de l´intérieur, qui coiffe les unités de la garde. Ils ont demandé si j´étais toujours en prison ou alors en libérté? le ministre de l´intérieur a ordonné qu´on me laisse rencontrer ma famille.

 

Ma mére est arrivée de mon village, qui se trouve à 400 kilométres de la capitale. Beaucoup auraient voulu l´accompagner, parents, amis, mais ils avaient peur, peur que les autorités puissent penser qu´ils venaient non seulement pour me voir, mais aussi pour témoigner dans une quelconque enquête qu´on aurait faite sur mon cas.

Ma femme et mes enfants n´ont pas quitté la maison, c´est peut-être tant mieux, car ils auraient souffert de me voir transformé comme j´étais, méconnaissable. Ma mére a pleuré lors de notre première rencontre, ensuite, elle m´a reconfortée. Elle a commencé à me prodiguer les soins traditionnels de chez nous, avec nos produits, elle me faisait des massages, elle passait des nuits entiéres à mon chevet..

 

 

J´ai subi aussi une opération aux yeux, pratiquée par un médecin francais, mais il me fallait maintenant d´autres soins, nombre de médicaments coûteux, que ma famille ne pouvait payer. Mes parents demandérent à voir mes supérieurs pour leur parler de ça, mais la demande fut bloquée au niveau du sécrétariat de l´Etat-major.

 

Aprés des mois d´attente, j´ai décidé de rencontrer moi-même le chef d´Etat-major. Un matin, je suis allé l´attendre au parking où il garait sa voiture. Je l´abordai lorsqu´il arriva, et je lui expliquai le motif de ma demande, une demande d´audience qui traînait depuis quatre mois.

 

Le chef m´a bien regardé, il a réfléchi quelques minutes, et appelé son ordonnance. Je reçus l´argent nécessaire à l´achat de mes médicaments, et une voiture vint me chercher pour me ramener à l´hopital.

Comme je lui avais parlé de ma famille, et dit que je n´avais pu rencontrer que ma mère, le chef donna aussi des ordres pour m´organiser un séjour au village. Une voiture avec un chauffeur fut mise à ma disposition, chargée de cadeaux pour les miens: cent kilos de riz, quarante litres d´huile, et une bonne somme d´argent.

Je fus heureux de me retrouver chez moi, de retrouver ma famille. J´ai appris qu´après mon arrestation, on avait renvoyé mes enfants de l´école. Parents et voisins pleuraient en me voyant, me faisaient fête, me prodiguaient des marques d´amitié.

Seulement, j´étais presque aveugle, et j´éprouvais sans cesse des malaises, en particulier, chaque fois que je mangeais, je me sentais dimunié physiquement, je ne pouvais même plus "approcher" ma femme..

Aprés vingt jours passés au village, je suis allé au poste local de la garde et demandé de retourner à Nouakchott, pour revoir le médecin.

 

A l´Etat-major, j´ai rencontré le chef, de la même manière que la précédente. Il m´a aimablement demandé des nouvelles de mon congé, de ma famille, il m´a dit de continuer à me soigner. A ce propos, j´ai répondu que mon médécin voulait que j´aille en France pour qu´on m´y fasse une greffe de la cornée, qui me permettrait d´y voir à nouveau comme avant.

La demande de mon médécin est passée de l´Etat-major au ministére de la santé, puis à la direction du Budget. Là, on s´est exclamé: il n´était pas question d´opération en France, on avait déjà trop de dettes à l´égard de ce pays, et pas d´argent pour les payer. On m´a parlé d´Abidjan, en Côte d´Ivoire, ou alors du Maroc.

 

 

Les choses suivaient lentement leur cours, je perdais patience, lorsqu´une cousine me fit rencontrer une soeur de charité française. Sa visite eut lieu une nuit, car elle ne voulait pas se compromettre au grand jour en rencontrant des Noirs. La soeur a photocopié mes papiers, et les a emmenés en France lors d´un congé. Brusquement j´ai appris qu´une association acceptait de me prendre en charge, l´A.C.A.T (L´ASSOCIATION CATHOLIQUE D´AIDE AUX TORTURES). La nouvelle me rendit mon envie de vivre, j´allais enfin guérir, me retrouver comme avant. Le 29 février 1992, je pris l´avion, on m´avait confié à un médecin, mon grand frère m´attendait à l´aéroport, en France.

 

 

Quinze mois s´étaient écoulés depuis son arrestation, ses épreuves O.N. venait en France plein d´espoir pour obtenir réparation du passé, se faire opérer, retourner chez lui, recommencer à vivre. Son espoir ne fut pas exaucé.

 

 

Durant les six premiers mois, son état général s´améliora pourtant progressivement: On soigna son dos qui avait conservé des séquelles de coups recus, il subit, l´une aprés l´autre, plusieurs opérations à ses yeux, mais il s´agissait seulement d´arranger les paupiéres abîmées dont les cils frottaient maintenant la cornée. L´oeil droit voyait très mal, l´oeil gauche était mort. Mais, contrairement aux prévisions antérieures, il s´avéra finalement qu´une greffe serait inopérante. Il fallut le lui dire.

 

 

 

O.N. se révolta, le spécialiste, n´y connaissait rien, on lui avait promis que .....

 

Un second médecin confirma le jugement du premier, O.N. en ressentit une immense déception, il eut la sensation d´une tromperie nouvelle, s´ajoutant à celle éprouvée en Mauritanie, où vingt cinq ans de conduite exemplaire à l´armée n´avaient pas empeché l´injustice.

 

 

" - Je n´y voyais rien, je ne pouvais retourner à l´armée comme avant."

Non, la vie ne recommencerait pas, la réalité réapparaissait, triste et sans perspectives: la mal-voyance, toutes les autres séquelles des tortures endurées, l´éloignement du pays, la séparation d´avec sa famille, les souvenirs douloureux, les camarades morts.

Pour ajouter enccore à un état devenu dépressif, O.N. apprit une terrible nouvelle, l´arrestation de son frère cadet, dans son village natal, à la suite du meurtre d´un maure. Ce dernier avait été victime d´un peul du Sénégal, avant de mourir, il avait dénoncé son assassin au commandant de brigade du village. Cela n´empêcha pas l´arrestation du frère de O.N. et de trois autres Noirs du village, ni leur mise à la torture pour avouer un crime qu´ils n´avaient pas commis. Quant au commandant, on l´affecta à un autre poste, à mille kilométres de là: il avait rapporté la vérité au préfet du département, donc, contrarié le cours officiel de la justice..

 

 

"- J´avais toujours espéré revenir chez moi, je ne voulais pas me séparer de ma famille, de mes enfants, certains très jeunes." O.N. ne savait que décider à présent, les nouvelles de Mauritanie n´étaient pas rassurantes, la répression anti-Noirs reprenait de plus belle dans la vallée. S´il repartait, que lui arriverait-il ?

Il risquait la prison à nouveau, peut-être même la mort. Sa longue hésitation lui provoqua une autre maladie, le diabéte, une hospitalisation urgente. Enfin, il y eut l´affaire du colonel Boïlil, tortionnaire et assassin de trois cents militaires Noirs, un des principaux responsables des évenements de fin 1990. Pour qu´il se fasse oublier, le gouvernement mauritanien l´avait fait admettre en stage à Paris, à l´école de guerre inter-armes. Les autorités françaises l´expulsérent, et le nom de O.N.figurait à Nouakchott sur la liste de ceux qui étaient soupconnés de l´avoir dénoncé.

 

 

- "Je n´étais même pas au courant de la présence du colonel en France", dit O.N.

Quoiqu´il en soit, sa famille le prévint: " Si tu rentres au pays, ils vont te prendre".

Cette fois, la chose était claire, il ne pouvait plus repartir. Non sans une profonde amertume, O.N. demanda l´asile politique, qui lui fut aussitôt accordé, il entreprit les démarches nécessaires à la venue en France de sa femme et de ses enfants. Ce qui n´était pas simple: par exemple, lors de son arrestation, à T.les militaires avaient recherché dans ses affaires des papiers éventuellement compromettants, et ils en avaient profité pour brûler ses papiers personnels, dont les originaux des actes de naissance de ses enfants.

 

 

Remis de son diabéte, O.N., réagit portant, chercha du travail, et en trouva dans les cuisines d´un restaurant, pas pour longtemps, il n´y voyait pas assez clair: "- Je mélangeais les différentes sortes de fourchettes", raconte-il-, mi-figue, mi-raisin.

Il dut abandonner, la mort dans l´âme, sans plus vouloir rechercher d´autres activités.

 

 

Aujourd´hui, il a terminé ses démarches administratives, son énergie est retombée, malgré les soins réguliers de son médecin. Il vit en province, chez son frère, au bord de la mer, il attend les siens en regardant longuement l´image trouble de ses enfants sur les photographies qui viennent du pays, où son frère cadet est toujours en prison, depuis 6 ans, sans jugement, accusé de meurtre sans preuve sinon "Noir".

Il n´a rien d´autre à faire au long des jours qu´à ressasser son passé. La nuit,malgré les médicaments, les vieux cauchemars reviennent: il se trouve dans un cimétière, des gardes maures creusent sa tombe dans le sable, comme au champ de tir de R.ou dans la prison de T.il lui semble qu´il va mourir, au dernier moment, il s´éveille..

 

 

Son médecin écrit dans un rapport: " Bien que particuliérement lourd, le cas de monsieur O.N. n´en est pas moins exemplaire des dégâts physiques et psychiques que peuvent engendrer la torture et la répression."

 

 

Propos recueillis pour FLAMNET par notre amie Yvette Adam.

 

Source: Flamnet

6 juillet 2012

"OUALATA - CHRONOLOGIE FUNEBRE....."

"OUALATA - CHRONOLOGIE FUNEBRE....."

"OUALATA - CHRONOLOGIE FUNEBRE....."

 

Septembre 1986. L’arrestation, le jugement et l’emprisonnement des cadres et militants des FLAM marquent le début d’une répression systématique des Négro-africains.

 

Octobre 1987. Arrestation d’officiers et sous-officiers négro-africains pour tentative de coup d’État.

 

18 novembre 1987. Ouverture de leur procès. Ils sont jugés, trois d’entre eux, les lieutenants Sarr Amadou, Bâ Seïdy et Sy Saïdou, exécutés le 6 décembre 1987. Radicalisation de la répression systématique du pouvoir raciste de Nouakchott. Elle connaîtra son apogée en 1989-1990, avec les massacres et les déportations des Négro-africains vers le Sénégal et le Mali.

 

8 décembre 1987, vers 23 heures 30. Les 33 cadres et militants des FLAM emprisonnés depuis 1986 à la prison de Nouakchott et les 35 militaires qui viennent d’être jugés et condamnés à de lourdes peines sont regroupés au Centre émetteur de Nouakchott. Ils sont transportés, menottés, au fort de Oualata où ils seront incarcérés.

 

9 décembre 1987, dans la nuit. Les 68 détenus politiques Négro-africains (auxquels on a «adjoint» une poignée de détenus de droit commun) débarquent dans le Fort mouroir de Oualata.

 

Après seulement 8 mois et 17 jours de détention, commence, consécutive à des conditions de détention inhumaines, la «série noire». En 33 jours, quatre de nos compagnons vont mourir. Soit un mort tous les huit jours.

26 août 1988, à 15 heures 5 : mort de Bâ Alassane Oumar ;

2 septembre 1988 : mort de Ten Youssouf Guéye ;

13 septembre 1988 : mort de Bâ Abdoul Khoudouss ;

28 septembre 1988 : mort de Djigo Tabssirou .

6 juillet 2012

LA LISTE DES TORTIONNAIRES DE L´ARMEE MAURITANIENNE.

 

LA LISTE DES TORTIONNAIRES DE L´ARMEE MAURITANIENNE

par Fliim Pelitale, jeudi 5 juillet 2012, 20:10 ·

LA LISTE DES TORTIONNAIRES DE L´ARMEE MAURITANIENNE

 

 

Cette liste fut établie en juin 1991 par des militaires libérés les 16 et 17 avril de cette même année. Ils sont les rescapés des massacres racistes organisés de novembre 1990 à Janvier 1991 par le Système d´apartheïd mauritanien et son régime sanguinaire dirigé par le Colonel MAOUYA OULD SID'AHMED TAYA. Les tortionnaires concernés dans cette liste sont toujours actifs dans l'Armée Nationale, la Gendarmerie, la Garde Nationale et la Police. Seules ont changé leurs grades et les fonctions qu'ils occupaient à l'époque dans les lieux où ils ont perpétré leurs crimes.

Cette liste est loin d'être complète, car composée exclusivement de criminels et de tortionnaires ayant été personnellement identifiés par leurs victimes. D'autres ne le sont pas encore. Les enquêtes se poursuivent pour établir la liste définitive. Cette liste de tortionnaires sera complétée par les commanditaires qui occupent encore de hautes fonctions politiques, militaires et civiles en Mauritanie.

  

- Colonel Maouya Ould Sid´Ahmed Taya -Président du CMSN et chef de l´Etat.

  

- Colonel Djibril Ould Abdallahi- Ministre de l´intérieur

 

- Colnel Ely Ould Mohamed Vall- Directeur de la sûreté nationale

 

- Commissaire  Deddahi -Directeur de la sûreté d´Etat

- Commandant Dieng Ndiaga -gendarmerie nationale

- Lieutenant Ghali Ould Souvi- garde nationale(Oualata)

- Lieutenant Ahmed Ould Abeid- garde nationale (Oualata)

-  Adjudant-chef Mohamed Ould Boubali-garde nationale (Oualata)

- Brigadier-chef Mohamed Ould Teib- garde nationale(Oualata)

- Brigadier-chef Mohamed Ould Veth- garde nationale(Oualata)

- Commissaire Saleck- commissariat central de Nouakchott

- Commissaire Ould Nkerani-   commissariat de Ksar

- Commissaire Cheikh commissariat de Kaëdi

 

- Inspecteur Sidi Baba Fall -direction de la sûreté de l´Etat.

 

L´ARMÉE NATIONALE:

 

 1- Colonel Cheikh Ould MOHAMED SALAH Cdt de la 7ème Région Militaire. Aleg ALEG, AZLAT.

 

2. Lt Colonel Sid'Ahmed Ould BOILIL Cdt de la 1ère Région Militaire INAL, NOUADHIBOU, PK55

 

3. Capitaine de Corvette Abderrahmane Ould YAHYA OULD KOUAR Directeur de la Marine Nationale NOUAKCHOTT NOUADHIBOU

 

4. Commandant Alioune Ould MOHAMED Cdt de la 5ème Région Militaire NEMA

 

5. Commandant Cheikh Ould ALEM Cdt du BCP Rosso TIGUINT

 

6. Capitaine Moctar Ould MOHAMED MAHMOUD Cdt base militaire de Jreïda J'REÏDA

 

7. Capitaine Mohamed MBAREK Chef de base de la gendarmerie J'REÏDA

 

8. Capitaine Mohameden Ould BILAL Cdt d'unité d'Intervention NEMA

 

9. Capitaine Mohamed Lemine Ould CHOUROUF Cdt adjoint base marine NOUAKCHOTT

 

10. Capitaine Ould MEGATT Directeur des transmissions NOUAKCHOTT, F'DERIK

 

11. Capitaine Mohamed Cheikh Ould HADY Cdt du B. C. S. NOUAKCHOTT

 

12. Capitaine Tourad Ould BRAHIM En fonction à la DIRGENIE NOUAKCHOTT

 

13. Capitaine Mohamed Lemine Ould HAMA KHATTAR Adjt au chef B2 Armée J'REÏDA, NOUADHIBOU

 

14. Capitaine Brahim Vall Ould CHEIBANY Chef section au B2. Armée J'REIDA, NBEÏKKE

 

15. Capitaine Mohamed Lemine Ould MOHAMED ABDALLAH Cdt du 2è ECR F'Derik F'DERIK

 

16. Capitaine Sidina Ould CHEIKH BOUYA Cdt de base à Inal INAL

 

17. Capitaine Lobatt Ould HAMDY Cdt batterie PK55 PK55

 

18. Capitaine Jhehbi Ould JAAFAR Cdt S/groupement 10 PK55

 

19. Capitaine Ely Vall Chef B2 (Bureau de renseignement) J'REÏDA, NOUADHIBOU, F'DERIK

 

20. Capitaine Ahmed Salem Ould YAHYE DIRAIR NOUAKCHOTT

 

21. Capitaine Deddeh Ould SOUEÏD AHMED Cdt S/Groupement 15 PK55

 

22. Capitaine Mohamed Salem Ould KEBIROU Directeur du Génie NOUAKCHOTT

 

23. Capitaine Mohamed Lehbib Ould MAAZOUZ Cdt Centre Akjoujt AKJOUJT

 

24 Capitaine Ethmane Ould KAZA Cdt de la Base Marine NOUAKCHOTT

 

25. Capitaine Sidi Mohamed Ould VAÏDA Cdt des Fusilliers Marins NOUAKCHOTT

 

BABABE 26. Capitaine Mohamed Mahmoud Ould EL MANE Direction du Génie NOUAKCHOTT

 

27. Capitaine Mohamed Ould NAGI Officier Sécurité Militaire ATAR

 

28. Capitaine BOMBY Cdt Secteur Bir Moghrein BIR MOGHREIN

 

29. Lieutenant Dahah Ould CHEIKH Cdt Adjoint base J'reïda J'REÏDA

 

30. Lieutenant Hacen Ould MAGATT Chef de section B2 (Renseignenent) J'REÏDA

 

31. Lieutenant Samory Ould YOUMBABA Chef de section B2 (Renseignenent) J'REÏDA

 

32. Lieutenant Mohamed Abdallahi Ould BABA Ould BEY Cdt d'unité à Néma NEMA

 

33. Lieutenant Bakkar Ould BOUCEÏF Adjt Cdt base de J'reïda J'REÏDA

 

34. Lieutenant Mohamed Ould ELEYOUTA Renseigenment Gendarmerie J'REÏDA

 

35. Lieutenant Ely Zaëd Ould M'BARECK Officier Sécurité militaire F'DERIK

 

36. Lieutenant Abdallahi CAMARA Officier Sécurité militaire BIR MOGRHREIN

 

37. Lieutenant Kaber Ould ISSA Officier Sécurité militaire AKJOUJT

38. Lieutenant Wanna Ould CHROUKHA Officier Sécurité militaire AKJOUJT

 

39. Lieutenant Ely Ould DAH Chef section au B2 J'REÏDA, AZLAT

 

40. Lieutenant Nagi Ould BILAL Cdt d'unité à Nouadhibou NOUADHIBOU

 

41. Lieutenant Nagi Ould MANABA Cdt le 1er ECR base NOUADHIBOU

 

42. Lieutenant Takhy VALL GIDEINE Officier Sécurité miltaire BCP TIGUINT

 

43. Lieutenant Abdallahi Ould MOHAMED MBAREK Officier Sécurité miltaire AKJOUJT

 

44. Lieutenant Mohameden Ould JAAFAR Officier Sécurité miltaire Ecole Militaire Inter-Armes. Atar ATAR

 

45. Lieutenant CHOUMADE Base marine de Nouakchott NOUAKCHOTT

 

47. Lieutenant Ahmed Ould GEMAA Cdt d'unité Aleg ALEG AZLAT

 

48. Lieutenant Ahmed Ould ABDY Cdt d'unité Aleg ALEG AZLAT

 

49. Lieutenant Bouh Ould HAÏMID Cdt d'unité ? ALEG AZLAT

 

50. Lieutenant Ahmedou Ould GERAGUI Cdt d'unité ? ALEG AZLAT

 

51. Lieutenant NAVE Officier Sécurité miltaire Aleg ALEG AZLAT

 

52. Lieutenant Ely Ould ALADE DIRAIR Nouakchott NOUAKCHOTT

 

53. Lieutenant Hacen Ould MOCTAR au BPC TIGUINT

 

54. Lieutenant Selkou Ould RABANY au BPC TIGUINT

 

55. Lieutenant Zein ould SOUEDATT au BPC TIGUINT

 

56. Lieutenant Mahmoud Salem Ould DEÏNE au BPC TIGUINT

 

57. Lieutenant Sidi Ould MOHAMED dit "Pattécone" au BCS J'REÏDA

 

58. Lieutenant Yezid Ould MOULAYE ELY SM B2. Nouadhibou NOUADHIBOU INAL.

 

59. Enseigne de Vaisseau 1ère Classe Aboubekrine Ould AHMEDOU à la DIRMAR NOUAKCHOTT

 

61. S-Lieutenant DAH Chef de section J'reïda J'REÏDA

 

62. S-Lieutenant Sidi Ould MOHAMED Chef de peleton INAL

 

63. S-Lieutenant Mohamed Ould VEREJOU Chef de peleton INAL

 

64. S-Lieutenant Mohamed Ould CHEIKH Chef de peleton BEP TIGUINT

 

65. S-Lieutenant Ibnou OUMAR Officier sécurité militaire au B2 J'REÏDA, EMIA

 

66. Enseigne de.Vaisseau. HABABA DIRMAR NOUAKCHOTT

 

67. Adjudant-Chef Mohamed Ould MAHMOUD Cdt de brigade Cansado NOUADHIBOU

 

68. Adjudant-Chef Ethman Ould BEGHOUG au BCP TIGUINT

 

69. Adjudant-Chef

 

70. . Maréchal des Logis Chef DOUMBIA Brigade maritime Nouadhibou NOUADHIBOU

 

71. Adjudant Sidi Ould RACHID DIRGENIE NOUAKCHOTT

 

72. Adjudant Abdi Ould MAMOUDE 7è Région Militaire Aleg ALEG.

 

73. Sergent-Chef Mohamed VALL 5ème Région Militaire Néma NEMA

74.Sergent-Chef Ahmed Ould SIDINE au BCP TIGUINT

 

75.Sergent-Chef Ahmed Ould BEIROUK 7è Région Militaire Aleg ALEG.

 

76.Sergent-Chef Jemal Ould MOÏLID de la 1ère Région Militaire INAL.

 

77.Sergent-Chef M'Barek Ould MOHAMED de la 1ère Région Militaire Base de NOUADHIBOU

 

78.Sergent Sidi Ould MAYOUF au BCP TIGUINT

 

79.Sergent Cheikh Ould HABIYE DIRAIR NOUAKCHOTT

 

80.Sergent KHOURY DIRAIR NOUAKCHOTT

 

81..Sergent Mohamed Ould TEGEGAZ 5ème Région Militaire. Néma NEMA

 

82.Sergent Ahmed Ould MERZOUG 7ème Région Militaire. Aleg AZLAT ALEG

 

83. Sergent MOHAMED AHMED Base de J'reïda J'REÏDA

 

84. Sergent IDOUMOU Base de J'reïde J'REÏDA

 

85. Sergent SIDINA (ordinaire de la ) Base de J'reïde J'REÏDA

 

86.Sergent Brahim Ould MOHAMED 2ème Région Militaire. F'Dérik F'DERIK

 

87.Sergent ABDEL WEDDOUD à la batterie 105 PK55

 

88.Sergent Abdoul MOULLEANE à la batterie 105 PK55

 

89.Sergent Cheikh El Avia Ould MOHAMED VALL au BCP TIGUINT

 

90.Sergent CHEIKH AHMED au BCP TIGUINT

 

91. Sergent SID' AHMED au BCP TIGUINT

 

92.Sergent Dah Ould TIEKOURE au BCS J'REÏDA

 

93. Caporal Cheikh Brahim Ould MAHMOUD au BCP TIGUINT

 

94. Caporal Salek Ould AMAR au BCP TIGUINT

 

95. Caporal Moctar Ould HACEN au BCP TIGUINT

 

96. Caporal Sidatty Ould SIDI MOHAMED au BCP TIGUINT

 

97. Caporal Chekroud Ould BILAL de la 1ère Région Militaire NOUADHIBOU

 

98. Caporal Mohamed Mahmoud de la 1ère Région Militaire INAL

 

99. Caporal Maouloud de la base de J'reïda J'REÏDA

 

100. Caporal Tetar Ould KILAB de la base de J'reïda J'REÏDA

 

101. 1ère Classe Mohamed Ould ABEÏD de la 5ème Région Militaire NEMA

 

102. 1ère Classe Khalidou SARR de la 7ème région Militaire AZLAT; ALEG

 

103. 1ère Class4 Abïdy Ould AHMED de la 7ème région Militaire AZLAT; ALEG

 

104. 1ère Classe Alioune Ould HAÏMOUD de la 7ème région Militaire AZLAT; ALEG

 

105. 1ère Classe Salek Ould SOUEÏD AHMED de la base de J'reïde J'REÏDA

 

106. 1ère Classe Mohamed Ould BILAL de la base de J'reïda J'REÏDA

 

107. 1ère Classe O'Mar Ould M'BAREK de la base de J'reïda J'REÏDA

 

108. 1ère Classe M'Barek Ould SOULEYMANE de la 1ère Région Militaire NOUADHIBOU

 

109. 1ère Classe Idoumou Ould MOHAMED MAOULOUD de la 1ère Région Militaire NOUADHIBOU (base)

 

110. 1ère Classe Boïdide Ould BOUKHARY de la 1ère Région Militaire NOUADHIBOU (base)

 

111. 1ère Classe Mohamed Ould MOUTAKHAMBAR de la 1ère Région Militaire NOUADHIBOU (base)

 

112. 1ère Classe Lehneyin Ould CHEIBANY du BCP TIGUINT

 

113. 2ème Classe Mohamed Deîda Ould MOHAMED de la 7ème Région Militaire AZLAT, ALEG

 

114. 2ème Classe Yoube Ould N'DEYE de la 7ème Région Militaire AZLAT, ALEG

 

115. 2ème Classe Nasrdine Ould M'BAREK de la 7ème Région Militaire AZLAT, ALEG

 

116. ème Classe Zeïdane Ould AHMEDOU de la 7ème Région Militaire AZLAT, ALEG

 

117. 2ème Classe Mohamed Ould NAVE de la 5ème Région Militaire NEMA

 

118. 2ème Classe Abel Weddoud Batterie 105 Nouadhibou PK55

 

119. 2ème Classe Abdallahi Ould MOHAMED SALEM Batterie 105 Nouadhibou PK55

 

120. 2ème Classe Souleymane Ould ELYATT de la 1ère Région Militaire. Nouadhibou INAL

 

121. 2ème Classe Youba DIA de la 1ère Région Militaire. Nouadhibou INAL

 

122. 2ème Classe Mohamed Salem Ould MOHAMED SALEM de la 1ère Région Militaire. Nouadhibou INAL

 

123. 2ème Classe Kattra Ould SALEK de la 1ère Région Militaire. Nouadhibou INAL

 

124. 2ème Classe Menaha Ould M'REYZIG de la 1ère Région Militaire. Nouadhibou NOUADHIBOU (base)

 

125. Inspecteur Mohamedine DIOP Inspecteur de police NOUADHIBOU

 

126. Adjudant Dah Ould ELEYE Adjudant de police NOUADHIBOU

 

127. Adjudant Salek Ould LAGHDAF Adjudant de police NOUADHIBOU

 

128. Brigadier Abdallahi Ould GUEDIE Brigadier de police NOUADHIBOU.

 

Ceux qui sont morts

Ceux qui ont souffert

Ceux qui sont diminués,

Ceux qui sont humiliés,

Ceux qui pleurent leurs fils, pères, frères, cousins, oncles, maris,

NOUS INTERPELLENT,

Nous n´avons pas le droit d´oublier.

La communauté Négro-mauritanienne N´OUBLIERA JAMAIS.

La lutte continue !

 

 

6 juillet 2012

Liste des militaires torturés par les hommes de l'ex-colonel El Arby Ould Sidi Aly Ould Jiddeine /' El Arby. par Fliim Pelitale,

 

Liste des militaires torturés par les hommes de l'ex-colonel El Arby Ould Sidi Aly Ould Jiddeine /' El Arby.

par Fliim Pelitale, jeudi 5 juillet 2012, 20:25 ·

Liste des militaires torturés par les hommes de l'ex-colonel El Arby Ould Sidi Aly Ould Jiddeine /' El Arby actuel ,vice-président de l'assemblée national.

  

Il est établi la responsabilité et la culpabilité de l'auteur : Commandant El Arby Ould Sidi Aly Ould Jiddein.(actuel vice président de l' assemblée nationale.

Son bilan macabre/ Nombre : 1 officier + 15 sous-officiers + 73 soldats

 

 

 

 

 

 

 

Voici le rapport d'investigation tel qu'il nous est parvenu :

 

COLLECTIF DES VICTIMES DE LA REPRESSION

COVIRE

 

RECEPPISSE DE RECONNAISSANCE N° 048/M.I/

TEL. : 00 222 641 33 00 / 00 222 641 40 71

E mail : covire@yahoo.fr

 

 

RAPPORT D’INVESTIGATION

 

 

Identification du mis en cause : El Arby Ould Sidi Aly Ould Jiddein

 

Matricule : 73.162

 

Fonction : Commandant de la 6ème Région Militaire ( basé à Rosso) en 1990

 

 

Période incriminée : Octobre 1990 à Avril 1991

 

 

Sites de torture : Tiguint, Hassi Eleyat, Lougatt, Zira

 

 

Destination finale : Jreida

 

 

Victimes :

 

Nombre : Un officier + 15 sous-officiers + 73 soldats

 

Audition : sur fiches

Tortionnaires: voir fiches

Rassemblement des preuves: voir fiches

 

 

Conclusions: Il est établit la responsabilité et la culpabilité de l'auteur : Commandant El Arby Ould Sidi Aly Ould Jiddein

 

 

LISTE DES VICTIMES SOUS LE COMMANDEMENT DU COMMANDANT EL ARBY OULD SIDI ALY OULD JIDDEIN

 

 

Noms et Prénoms

Dates et lieu de naissance

Grades

Matricules

Dates arrestation et libération

 

Ndiaye Ousmane

1950 à Gaya (Rosso)

Lt

70 510

05 / 90 à 10 / 90 à Rosso-

 

Mamadou Mossa

1952 à Bakao ( Boghé)

Adjudant

71 168

10 / 12 / 90 à 03 / 91 à Rosso

 

Gueye Moussa

1942 Tékane

Adjudant

62 093

10/12/90 au 03/03/91 à Rosso

 

Ndiouk Boubou

1958 à Walaldé

S/c

78 386

20/1190 au 29/12/90

 

Simbigne Ndiouk

1961 à Bababé

S/c

81 172

01/12/90 au 15/04/91 à Rosso

 

Demba Coumba

1959 à Wouro dialaw

S/c

79 299

03/10/90

 

Boye Harouna Moussa

1966 à Thinèl /Boghé

Sergent

86 385

12/12/90 au 03 / 03 /91 à Rosso

 

Ba Aliou Alpha

1959 à Toufoundé Civé Kaédi

Segent

79 225

27/12/90 au 03/02/91

 

Sall Mody Bocar

1958 Bababé

Sergent

78 962

08/10/90 au 06/03/91 Rosso- Jréida

 

Mamadou Malik Sall

1955 Ngorel(Boghé)

Sergent

75 840

07/12/90 au 03/03/91 Biret-Jreida

 

Sy Bocar Mamadou

1958 à Touldé Boussobe

Sergent

78 271

16/02/90 au 15/04/91 Nouakchott-Jreida

 

Abou Oumar Anne

1955 à Thilla Boghé

Sergent

75 066

15/12/90 au 04/02/91 6ème Région-Tiguint

 

Sy Mamadou Alhouddein

1955 à Thienel

Sergent

75 238

19/12/90 au 03/03/91 Rosso

 

Sy Hamady Samba

1954 à Ngorel Boghé

Sergent

74 175

10/12/90 au 03/04/91 Rosso- Jreida

 

Faye Ibrahima

1961 à Rosso

Sergent

81 481

18/11/90 au 03/03/91 Rosso

 

Diallo Oumar

1958 à Boghé

Caporal

78 083

12/90 au 20/03/91 Nouakchott-Jreida

 

Gueye Nouhoum Amadou

1962 à Winding -Mbagne

Sergent

82 208

12/12/90 au 11/05/91 Rosso- Jreida

 

Sy Salif Samba

1956 à Rosso

Caporal

76 290

13/12/90 au 03/03/91 Rosso-Tiguint

 

Gaye Abou Moussa

1959 Babébé

Caporal

72 158

07/90 au 12/90 Nouakchott

 

Thiam Amadou Abdoulaye

1964 Boghé

Caporal

84 105

17/12/90 au 20/04/91 Lougatt-Mbeika

 

Timbo Oumar

1957 Lexeiba

Caporal

77 334

08/12/90 au 03/04/91 Génie- Jreida

 

Djiby Samba Sao

1956 Sylla (Kaédi)

Caporal

76513

06/12/90 au 03/04/91 Rosso – Ntt

 

Adama Amadou

1958 Thialgou (Boghé)

Caporal

78061

1990-1991 Ouad Naga

 

Diallo Mamadou Amadou

1958 Bababé

Caporal

78364

20/12/90 au 09/04/91 Rosso –Nbeika

 

Ba Omar Demba

1957 M’bout

Caporal

77833

07/12/90 au 15/04/91 Rosso -jereida

 

Baila Yall

1962 Rosso

Caporal

82589

25/12/90 au 08/03/91 Rosso –Nbeika

 

Diop Mamadou Abdoul

1961Djeol

Caporal

81125

12/12/90 au 03/03/91 Rosso Tiguint

 

Mika Mamadou Niang

1958 Boghé

Caporal

78105

27/09/90 au 01/04/91 6 RM Jreida

 

Diallo Harouna

1962 à Rosso

Caporal

82527

01/12/90 au 05/03/91 Rosso Jreida

 

N’diaye Omar Nalla

1962 Winding

Caporal

82069

01/12/90 au 20/03/91 Lougat-N’beika

 

Sy Alassane Adboulaye

1957 Aéré Golléré

Caporal

77360

31/12/90

 

Aboubacry Elhadj Sadio Dieye

1961 Ngorel

1er classe

81205

17/12/90 au 18/03/91 Tiguint -Nbeika

 

Ibrahima Mika

1965 Boghé

1er classe

85090

27/12/90 au 01/03/91 Louguat –Jreida

 

Sow Amadou

1962 Ntt

1er classe

82126

11/12/90 au 18/04/91 Rosso Nbeika

 

Diop Moussa Bocar

1959 Mbagne

1er classe

79530

12/12/90 au 01/03/91 Rosso- Jreida

 

Issa Adama

1952 Mbout

1er classe

72794

30/12/90 au 03/03/91 Rosso

 

Ba Omar Diouldé

1960 Woloum Néré

1er classe

80673

10/10/90 au 03/02/91 Rosso Jreida

 

Sarr Saidou Mamadou

1958 Dawalel

1er classe

78667

07/1/90 au 03/03/91 Rosso Jreida

 

Elhadj Samba Sarr

1963 Winding

1er classe

83037

27/05/90 au 20/03/91 Lougat Jreida

 

Yongane Abou

1962 Séno Boussobé

1er classe

82236

31/12/90 au 04/04/91 6RM -Jreida

 

Adama Abdoulaye

1962 Boghé

1er classe

82241

19/11/90 au 18/03/91 Nktt

 

Ba Abdoulaye Samba

1965 Boghé

1er classe

85193

14/12/90 au 09/03/91 Lougat -Ntt

 

Amadou Cissé

1956 Magama

1er classe

76287

04/0/90 au 03/91 Rosso- Jreida

 

Sy Abdoulaye Alassane

1958 Boghé

1er classe

78436

22/12/90 au 18/03/91 Nktt-Nbeika

 

Gangué Ousmane Mokhtar

1953 Sinthiou Boumakh

1er classe

73372

13/11/90 au 03/03/91 Rosso -Tiguint

 

Dia Hamath Amadou

1956 Thidé

1er classe

76654

07/12/90 au 03/91 Rosso-Rosso

 

Mbodj Hamadi

1956 Dioudé Diéri

1er classe

76284

20/11/90 au 03/91 Rosso - Rosso

 

Tehib Younouss Bollo Sy

1961 Rkiz

1er classe

81069

10/10/90 au 03/03/91 Rosso-Nktt

 

Diallo Abou

1958 Mbout

1er classe

78335

18/11/90 au 03/03/91 Rosso - Rosso

 

Ba Mbaye

1951Rosso

1er classe

71242

01/12/90 au 18/04/91 Rosso- Nbeika

 

Sy Moussa Hamadi

1961 Niabina

1er classe

82291

19/12/90 au 03/04/91 Rosso –Rosso

 

Aliou Amadou Bass

1963 Ndiorol

1er classe

83050

12/08/90 au 03/ 91 Rosso

 

 

Moussa Abdoulaye

1971 Mbagnou

1er classe

91072

09/12/90 au 03/03/91 Ndiago -Nktt

 

Sy Abdoulaye Samba

1960 Bagadine

1er classe

80377

17/12/90 au 18/02/91 Ndiago Nbeika

 

Niasse Amadou Moussa

1958 Winding

1er classe

78406

16/12/90 au 01/05/91 6RM- Jreida

 

Sow Samba Alpha

1960 Nktt

1er classe

80186

10/90 au 12/90 Rosso -Rosso

 

Lam Alpha Salif

1959 Boghé

1er classe

79741

08/90 au 02/12/90 6RM

 

Karrou Alioune

1955 Kaédi

1er classe

75506

1992/1992 Lougat 6RM

 

Ba Ibra Amadou

1958 Aly Baidy

1er classe

78834

1990 au 15/04/91 Rosso-Jreida

 

Amadou Aly Demba

1964 Boghé

1er classe

84032

19/12/90 au 20/04/91 Rosso-Nbeika

 

Sy Malick Abdi

1961 Sylla

1er classe

81044

13/12/90 au 03/03/91 Rosso- Rosso

 

Ibrahima Ba

1957 Djewol

1er classe

77417

22/12/90 au 18/03/91 6RM Nbeika

 

Amadou Hamath

1962 Rosso

1er classe

82353

13/12/90 au 13/12/90 Rosso-Rosso

 

Ndiaye Saidou Hassane

1965 Aéré Golléré

2 er classe

85216

10/12/90 au 03/03/91 Ndiago -Jreida

 

Djibery Adama

1955 Douguel

2er classe

75920

10/12/90 au 03/03/91 Rosso - Nktt

 

Saidou Dia

1962 Thidé

2er classe

82398

11/90 – 1991

 

Mohamed Sy

1970 Mbout

2er classe

90239

12/90 au 18/03/91 Nktt - Nbeika

 

Dia Ciré Boubacar

1961 Dar Salam

2er classe

81513

10/90 au 03/91 Lougat -Jreida

 

Amadou Thiaw

1964 Rkiz

2er classe

84469

01/91 au 1991 Rosso- Rosso

 

Mamadou Saidou Ndiaye

1964 Kaédi

2er classe

84477

19/12/90 au 29/04/91 Rosso – Nbeika

 

Diop Abdoulaye Samba

1963 Néré Walo

2er classe

83222

04/04/90 au 20/04/91 Rosso - Nbeika

 

Ndiaye Abou Abass

1952 Sinthiou Boumak

 

72798

16/12/90 au 19/03/91 Rosso - Nbeika

 

Ndiaye Mamadou Samba

1957

2er classe

77898

12/12/90

 

Ba Kalidou

1957 Boghé

2er classe

77855

10/90 au 03/91 Lougat -Nbeika

 

Ndiaye Omar Abou

1963 Dioulom

2er classe

83034

19/12/90 au 20/03/91 Rosso - Nbeika

 

Wane Mamadou Alassane

1956 Wane -Wane

2er classe

761016

10/10/90 au 03/03/91 Rosso -Jreida

 

Sall Abou Ciré

1962 Winding

2er classe

82553

14/12/90 au 09/03/91 Lougat - Nktt

 

Mouhamadou Samba

1965 Kaédi

2er classe

85532

1990/ 1991 6RM

 

Diop Abdoulaye Samba

1962 Mbagne

2er classe

82391

11/12/90 au 03/03/91Rosso-Jreida

 

Souleymane Samba

1957 Boghé

2er classe

77491

15/11/90 au 03/91 Rosso - Nbeika

 

Ibrahima Omar Dia

1955 Monguel

2er classe

75622

20/11/90 au 20/03/91

 

Al housseynou Kalidou

1969 Nktt

2er classe

89285

13/12/90 au 18/03/91 Rosso- Nbeika

 

Mamadou Aldiouma Sy

1961 Mbagne

2er classe

81443

13/12/90 au 20/04/91 Rosso- Nbeika

 

Ibrahima Mamadou

1962 Thidé

2er classe

82724

18/12/90 au 15/04/91 Jreida - Jreida

 

Ndiaye Abou Ali

1965 Kaédi

2er classe

85085

12/90 – 11/91 Hass El Eleyatt -Aleg

 

Thiam Abdoulaye Abou

1970 Timbédra

2er classe

90221

13/12/90 au 20/03/91 6RM

 

Souleymane Seidy

1964 Boghé

2er classe

84315

19/12/90 au 21/03/91 Rosso- Nbeika

 

Ba Omar

1962 Bababé

2er classe

82212

15au 15/08/91 Nktt -Nktt

 

Mouhamadou Samba

1960 Thidé

2em classe

80751

07/11/90 au 03/03/91 Diama

 

 

 

Source:COVIRE

 

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